par Asse'e, Stephane;Artois, Pierre 
Référence Solidarités en questions et en actes : quelles recompositions ? (Du 4 au 7 juillet 2017: Montréal)
Publication Non publié, 2017-07-05

Référence Solidarités en questions et en actes : quelles recompositions ? (Du 4 au 7 juillet 2017: Montréal)
Publication Non publié, 2017-07-05
Communication à un colloque
Résumé : | Les pratiques contemporaines de bénévolat (Ion, 2012 ; Simonet, 2010) se distinguent en deux catégories. La première catégorie est celle de «l’engagé affranchi» ; il focalise son attention sur la partie du projet associatif qui l’intéresse et sur le renforcement de son réseau relationnel (Granovetter, 1973). L’objectif de ce dernier est de satisfaire pleinement son besoin d’engagement. La seconde catégorie reprend la perspective de l’engagement associatif traditionnel, c’est-à-dire, celle de « l’engagé affilié », il privilégie l’appartenance et le rattachement à la structure associative en premier lieu. L’accroissement de la professionnalisation des activités de bénévolat (Rego, 2010) et l’expression d’un certain connexionnisme (Boltanski, Chiapello, 2011) ont changé la face du bénévolat en une certaine forme de néobénévolat (Ion, 2005). Ainsi, l’amplification de zones grises, issues de la porosité entre le bénévolat et certaines formes de salariat (Lesemann, 2012 ; Ferrand-Bechmann, 2011), ne facilite pas la pleine expression de la solidarité dans la société. Cette contribution se base sur notre travail de mémoire de Master et sur nos recherches préliminaires à l’aube de notre recherche doctorale. Pour ce faire, nous reprendrons les résultats obtenus d’entretiens conduits en avril 2016, sur un panel de treize personnes, entre vingt-sept et trente-six ans, au service d’un ou plusieurs mouvements associatifs belges et cumulant au moins une année d’engagement. Les entretiens semi-directifs portaient sur l’existence de liens entre le travail bénévole et le travail rémunéré. Ceux-ci nous ont éclairés sur la place des compétences transférables dans un parcours de vie. Notre enquête s’est adossée sur la valorisation des acquis de l’expérience bénévole (Halba, 2006). Nous avons marqué trois temps afin de guider notre travail d’analyse: la contextualisation, la décontextualisation et la recontextualisation de l’expérience bénévole des personnes enquêtées. Ainsi, deux idées fortes ressortent de l’enquête. En premier lieu : le Bénévolat renforce les compétences professionnelles et le répondant s’en est servi activement dans son parcours professionnel, nous épinglerons au passage la figure de « l’engagé affranchi ». En second lieu : le Bénévolat renforce les compétences professionnelles et le répondant ne s’en est pas servi activement dans son parcours professionnel (et ne le souhaite pas). Nous soulignerons, ici, la figure de « l’engagé affilié ». Notons qu’il n’existe pas de frontière nettement définie dans les pratiques entre la première et la seconde idée. Cette différence se marque uniquement dans l’expression de la recontextualisation de l’expérience bénévole. Dès lors, une partie de la population exposée à une très forte individualisation de la société n’est pas seulement résignée mais se considère elle-même comme actrice du changement (Fondation de France, 2007). Nonobstant les différences structurelles et culturelles qui encadrent les activités bénévoles, il semble que les « jeunes » préfèreraient l’expression de leurs pratiques bénévoles dans un fonctionnement axé sur le projet, limité dans le temps et donc plus flexible pour l’expression de leurs engagements associatifs. De nos jours, l’expérience personnelle des « jeunes » constitue leurs expertises, cette dernière n’est pas forcément reconnue et valorisée telle quelle dans la société (Hamzaoui, Artois & Melon, 2016). Notre communication abordera d’une part, les changements socioéconomiques qui les amènent à expérimenter de nouvelles stratégies afin d’influencer leur environnement, leur carrière professionnelle ou in fine leur trajectoire de vie (Desmarez et al., 2010). Et d’autre part, elle abordera la solidarité qui ne s’exprime plus seulement au travers d’un collectif structurant, mais qui se mue aussi en une collection d’expériences individuelles. Bibliographie : BOLTANSKI L., CHIAPELLO E., 2011, Le nouvel esprit du capitalisme : nouvelle édition avec postface inédite, Editions Gallimard, Paris. DESMAREZ P., CENICCOLA P., CORTESE V., VEINSTEIN M., 2010, « L’entrée dans la vie active d’une cohorte de jeunes issus de l’enseignement secondaire », Discussion Papers n°1004 de IWEPS, Namur. FERRAND-BECHMANN D., 2011, « Le bénévolat, entre Travail et engagement. Les relations entre salariés et bénévoles. », Vie Sociale et Traitement, n°109, pp. 22-29. FONDATION DE FRANCE, 2007, “15-35 ans : les individus solidaires”, SCP Communication : étude commanditée par la fondation de France GRANOVETTER M., 1973, «The Strength of Weak Ties », American journal of sociology, vol. 78, no 6, pp. 1360-1380 HALBA B., 2006, « Chapitre 6. Valoriser les acquis d’une expérience bénévole (Vaeb) », in Bénédicte Halba, Gestion du bénévolat et du volontariat, p.125-147. Editions De Boeck Supérieur, collection « New Management ». HAMZAOUI M., ARTOIS P., MELON L., 2016, Le secteur non marchand au cœur du changement. Editions Couleur Livres, Charleroi. ION J., 2012, S'engager dans une société d'individus, Editions Armand Colin, Paris. ION J., 2005, « Brève chronique des rapports entre travail social et bénévolat », Pensée Plurielle 2005/2 (n°10), p.149-157 LESEMANN F., 2002, « Le bénévolat : de la production ‘domestique’ de services à la production de ’citoyenneté’ », Nouvelles pratiques sociales, vol. 15 n°2, 2002, p. 25-41 REGO R., 2010, « Une typologie de l’engagement des dirigeants associatifs », SociologieS, Théories et recherches, article mis en ligne le 29 septembre 2010, 13p. SIMONET M., 2010, Le travail bénévole. Engagement citoyen ou travail gratuit ? La Dispute, coll. « Travail et salariat ». |