par Chatelain, Françoise
Editeur scientifique Petitjean, André
Référence (09/04/2015: Metz), Recherches Textuelles, Vol. 14, page (347-361)
Publication Publié, 2016
Publication dans des actes
Résumé : Alors que dans presque tous les pays et régions du monde – songeons au Québec, par exemple –, on a à cœur d’enseigner la littérature locale, cela n’a jamais été une préoccupation prioritaire dans l’enseignement secondaire francophone belge.Les raisons de cette situation sont multiples et liées à l’émergence et au statut de la littérature francophone belge, d’une part, et à l’organisation de l’enseignement, d’autre part.La Belgique est un pays jeune et sa littérature a mis un certain temps avant d’émerger réellement. La position des écrivains a varié au fil du temps sur la question de savoir si la littérature de nos régions présentait une originalité qui pouvait en faire une littérature nationale, ou si elle n’était qu’un avatar de la littérature française et n’avait donc pas de légitimité à revendiquer une existence autonome.Parallèlement, pendant des décennies, le cours de français, tributaire de la tradition de l’enseignement des langues anciennes, n’a enseigné que la littérature classique des XVIIe et XVIIIe siècle. Ce n’est que dans le courant du XXe siècle que, peu à peu, les programmes se sont ouverts à la littérature du XIXe siècle et aux genres ignorés de Boileau, comme la littérature romanesque.À ces considérations, il faut encore ajouter la liberté de l’enseignement garantie par la Constitution et qui concerne notamment la liberté des réseaux d’établir leur programme de cours et de choisir la méthodologie que les enseignants auront à appliquer, mais aussi la liberté des enseignants de choisir les œuvres qu’ils abordent.Dans ces conditions, l’enseignement de la littérature belge francophone n’a pu que très difficilement émerger, le plus souvent au gré des modes ou des conjonctures : le Prix Nobel de Maurice Maeterlinck ou l’image héroïque de la Belgique après la Première Guerre mondiale ont ainsi causé un bref engouement.Dans les années 1970, la situation devient d’autant plus critique que la mise en place de la réforme couramment appelée « Enseignement rénové » amène des changements radicaux dans les programmes de français, très influencés par le Colloque de Cerisy-la-Salle de 1969. Les approches structuralistes, l’introduction de textes fonctionnels et l’abandon de l’histoire littéraire relèguent la littérature au second plan des préoccupations programmatiques, au point que le terme « littérature » disparaît des textes officiels. C’est, à plus forte raison, le cas de la littérature francophone belge.Toutefois, au début des années 1980, des raisons littéraires, didactiques – par exemple, l’approche institutionnelle de la littérature – mais aussi politiques, culturelles et commerciales vont développer, chez les professeurs mais aussi auprès de leurs élèves, l’intérêt pour la littérature ancrée dans nos régions.