Résumé : Le présent travail est un état de l'art sur l'initiative (environnementale) Yasuní-ITT, lancé par l’État équatorien en 2007 et abandonné le 15 août 2013. Par ce projet, ce pays exportateur de pétrole proposait de laisser le quart de ses réserves de pétrole sous terre en échange d'unecompensation financière de la communauté internationale. Il était donc légitime, devant l'abandon d'un tel projet, de se poser des questions. Par une revue de la littérature scientifique à ce sujet, nous tentons de parcourir les méandres de l'action publique nationale et internationale au sujet de l'initiative Yasuní-ITT. Après l'énoncé de notre cadre théorique, nous avons d'abord recherché comment la littérature expliquait la mise à l'agenda politique de cette initiative -notamment par une approche sur les trames discursives sous-tendant la mise à l'agenda politique. Nous observerons ensuite comment la Constitution équatorienne de 2008 et le Plan national pour le Bien-Vivre 2009-2013 suivront cette mise à l'agenda et constitueront des instruments politiques puissants, originaux et porteurs de cette initiative. Nous nous pencherons ensuite sur le contexte politique interne, de 2006 à 2013 : nous y découvrirons l'existence de fortes tensions, de contradictions, de positions contrastées -autant dans le paysage institutionnel qu'au niveau de l'extractivisme pétrolier. Pendant ce temps,l'initiative Yasuní-ITT évolue dans l'arène internationale : le principe de compensation financière internationale inhérent à cette initiative exigeait que nous allions observer le processus par lequel le gouvernement équatorien tentait de faire financer le projet. Là encore, mais cette fois au niveau international, la littérature y relative nous montrera des contradictions fondamentales -qui pouvaient déjà laisser entrevoir, dès le départ, l'échec del'initiative. Nous tenterons de mieux comprendre le processus d'élaboration de l'instrument international, le Fonds Yasuní, par la lecture de recherches mobilisant une approche par les instruments et le discours. Nous terminons cette revue littéraire en donnant la parole à desacteurs spécifiques au « développement », parfois tus, ainsi qu'à de nouveaux acteurs, sensibles à l'échec de cette initiative. Enfin, cet état de l'art nous aidera à formuler des hypothèses, point de départ pour de nouvelles recherches : la première, tirée de l'observationdu paysage politique et développemental en Équateur, associe, pour tenter d'expliquer l'échec au niveau national, les notions de leadership, d'approche cognitive des politiques publiques et de développement ; la deuxième pose la difficulté pour un État-nation comme l’Équateur demettre en oeuvre un instrument basé sur le Buen Vivir ; la troisième soulève les difficultés des mécanismes de compensation financière internationale à des fins de protection de la nature.L'initiative innovatrice Yasuní-ITT fait l'objet de multiples analyses et recherches, afin d'être mieux comprise. Gageons qu'elle sera reformulée et insufflée d'une nouvelle vie soucieuse encore du bien commun de l'humanité -nature incluse.