Résumé : Des recherches en psychologie sociale ont montré qu’un sentiment de victimisation collective pouvait avoir des conséquences négatives sur les relations intergroupes. De plus, les membres de groupes en conflit peuvent également expérimenter de la « compétition victimaire », une rivalité au sujet de la gravité de leurs souffrances respectives. Cependant, ces recherches se sont principalement focalisées sur les relations qu’entretiennent des ennemis (passés ou actuels) ou d’anciens perpétrateurs avec leurs victimes. Dans cette thèse, nous soutenons que des groupes peuvent entrer en compétition au sujet de leur victimisation et ce, même s’ils ne peuvent être tenus responsables de leur victimisation respective. Dans de telles situations, la compétition porterait sur la reconnaissance de leur statut de victime plutôt que sur la sévérité de leurs souffrances respectives. A son tour, cette « compétition pour la reconnaissance du statut de victime » peut être associée à des attitudes intergroupes négatives. Afin de tester ces hypothèses, une analyse des discours de Dieudonné a été effectuée afin d’examiner un exemple sociétal dans lequel un membre d’une minorité connu pour sa lutte pour la reconnaissance de son endogroupe a exprimé des attitudes négatives vis-à-vis d’une autre minorité. Deux études corrélationnelles ont ensuite été menées en Belgique au sein de deux groupes minoritaires – les Africains sub-sahariens et les Musulmans – afin de tester un modèle basé sur des questions de reconnaissance. Trois réplications ont également été lancées en Pologne, Hongrie et Serbie afin de tester ce modèle auprès de groupes majoritaires. Ensuite, une étude expérimentale a été réalisée afin de s’assurer d’un lien causal entre le manque de reconnaissance du statut de victime et des attitudes intergroupes négatives. Enfin, une étude corrélationnelle a été menée en Pologne afin de tester le lien entre la compétition pour la reconnaissance du statut de victime et une prise de position contre la commémoration d’un exogroupe perçu comme plus reconnu que l’endogroupe.