Résumé : Le développement d’altérations cognitives consécutives au cancer et aux traitements anticancéreux associés constitue une problématique croissante pouvant avoir des répercussions sur le fonctionnement psychosocial, le statut fonctionnel, la prise en charge médicale mais également sur la survie des patients. Si ce champ de recherche est en plein essor, de nombreux points nécessitent encore d’être clarifiés que ce soit par rapport au développement d’altérations cognitives, aux facteurs associés mais aussi à leur prise en charge. Ceci est d’autant plus vrai pour les personnes âgées dont l’accumulation de vulnérabilités cognitives liées au cancer et ses traitements, au vieillissement mais aussi à leurs interactions peut complexifier le fonctionnement cognitif attendu chez des patients plus jeunes.Ce travail de thèse a, par conséquent, pour objectif d’améliorer la compréhension du fonctionnement cognitif de patients âgés atteints d’une hémopathie maligne durant les premières semaines d’un traitement par chimiothérapie, d’en évaluer l’impact psychologique et d’identifier les possibilités d’interventions destinées à la prise en charge d’altérations cognitives. Plus spécifiquement, ce travail de thèse, composé de trois chapitres, vise à répondre aux trois objectifs suivants : (a) l’étude des mécanismes cognitifs compensatoires de patients âgés atteints d’une hémopathie maligne durant les premières semaines d’un traitement par chimiothérapie, (b) l’étude de la relation entre le fonctionnement cognitifsubjectif et le sentiment du patient d’être une charge pour son proche aidant principal, et (c) la réalisation d’un état des lieux des interventions destinées à la prise en charge des altérations cognitives en oncologie.Les résultats du premier chapitre de ce travail de thèse soulignent que des patients âgés atteints d’une hémopathie maligne et considérés comme cliniquement « fit » d’après leur hématologue référent présentent, durant les premières semaines d’un traitement par chimiothérapie, des mécanismes cognitifs compensatoires plus faibles que des individus contrôles. Néanmoins, face à un contexte d’évaluation connu, ils peuvent bénéficier des effets cognitifs facilitateurs de la motivation et d’une détresse émotionnelle régulée. Par ailleurs, les résultats du second chapitre de ce travail de thèse démontrent que la présence d’altérations cognitives perçues par le patient participe au développement du sentiment du patient d’être une charge pour son proche aidant principal. Il est à noter que plus d’un patient sur trois éprouvera ce sentiment de manière modérée à sévère et ce dès le début d’un traitement par chimiothérapie. Enfin, le troisième chapitre de ce travail de thèse qui a permis d’identifier des études d’interventions destinées à la prise en charge d’altérations cognitives suggère des résultats plus prometteurs à l’avantage des interventions non-pharmacologiques.Ce travail de thèse souligne l’importance d’évaluer le fonctionnement cognitif des patients âgés et particulièrement celui de patients considérés comme cliniquement « fit » en raison d’un risque de banalisation de leurs difficultés cognitives pouvant être considérées comme minimes et normales pour l’âge et le contexte médical. Il importe également d’évaluer l’impact délétère de la présence d’altérations cognitives, et ce dès les premières semaines d’un traitement par chimiothérapie, de manière à assurer une prise en charge qui se veut la plus précoce et la plus adaptée au patient.