Résumé : La réduction de l’usage des dispositifs de sortie anticipée et l’augmentation de la durée de vie à l’emploi se sont imposées comme de réels objectifs. Plusieurs réformes – implémentés, notamment, de façon non coercitive au niveau Européen – sont venues quantifier de tels objectifs. L’augmentation du taux d’emploi des travailleurs âgés de plus de 55 ans et l’augmentation de l’âge effectif moyen de la retraite sont tant d’outils quantitatifs qui servent une même finalité : l’augmentation de la participation au marché du travail des travailleurs âgés. L’une des résultantes de ces réformes est le développement, notamment en Belgique, de mécanismes de sortie partielle de l’activitié. En conséquence, les fins d’activité professionnelles prennent désormais des formes plus complexes, faites d’imbrications de différents statuts dans et en dehors du marché du travail. La thèse – qui croise une analyse des évolutions sociales de l’emploi des travailleurs âgés et une analyse longitudinale des parcours professionnels – est divisée en trois chapitres qui ont trait successivement aux indicateurs utilisés pour quantifier la sortie anticipée de l’emploi, au développement des instruments de réduction du temps de travail en fin de carrière et à l’impact des réductions du temps de travail en fin de carrière sur l’emploi des jeunes. Le premier chapitre prend appui sur une analyse macrosociologique des dynamiques du marché du travail. En mettant l’accent sur la sortie anticipée de l’activité professionnelle en tant que problème social, nous interrogeons, d’une part, l’écart temporel qui existe entre l’âge de la sortie de l’activité professionnelle et l’âge de la retraite et, d’autre part, les différents mécanismes qui sont utilisés en Europe pour sortir prématurément du marché du travail. La première partie repose principalement sur une analyse détaillée de l’indicateur « âge effectif moyen de la retraite » fourni par l’OCDE. Une analyse longitudinale (report de statut d’une année à l’autre) est également réalisée. La seconde partie, quant à elle, utilise une classification hiérarchique et évalue l’évolution des résultats des politiques publiques en matière d’usage de statuts entre 2000 et 2010. Le second chapitre analyse les politiques de réduction du temps de travail destinées aux travailleurs âgés. Plusieurs aspects sont étudiés. La première partie prolonge l’analyse comparative qui a été développée dans le premier chapitre en comparant l’évolution des politiques publiques en matière de transitions des individus d’un statut vers un autre (emploi, chômage et inactivité). La seconde partie met l’accent sur le développement récent de « statuts composites » – terme que nous utilisons ici pour décrire la combinaison d’une position sur le marché de l’emploi et de prestations sociales. Enfin, les troisième et quatrième parties s’intéressent à l’évolution législative et empirique de deux dispositifs : le crédit-temps (en Belgique) et le cumul emploi-retraite (en France et en Belgique). Enfin, le troisième chapitre propose une analyse de la notion de partage d’emploi entre générations. Une première partie étudie l’impact des variations économiques sur l’emploi des jeunes générations et des travailleurs âgés dans les pays européens. L’analyse, descriptive, prend appui sur trois notions (synchronie, hystérèse et dyschronie) qui décrivent les impacts différenciés des variations économiques sur les transitions professionnelles. La seconde partie analyse, pour le cas de la Belgique, le phénomène de partage d’emploi entre générations et la notion de « lump of labour fallacy ». Sur base des données issues du Datawarehouse Marché du Travail et Protection Sociale, deux régressions logistiques sont réalisées afin d’évaluer l’impact de l’usage des différents statuts composites utilisés par les travailleurs âgés sur l’emploi des jeunes.
The reduction in the use of early retirement schemes, and, consequently, the increase in the duration of the working life have emerged as real targets. Several non-coercive measuring instruments have been implemented by European public policy for quantifying these targets. For instance, the increase in the employment rate of workers aged over 55 years old and the increase of the average effective age of retirement are quantitative tools used of achieving the same purpose: increasing the participation in the labour market of the older workers. One of the effects of these reforms has been the development of part-time early retirement arrangements, particularly in Belgium. Consequently, ends of professional careers take more complex forms characterized by interconnections of different statuses within and outside the labour market. The thesis – crossing an analysis of the evolution of the employment participation of older workers and a longitudinal analysis of professional careers – is divided into three chapters relating successively to indicators used for quantifying early withdrawals, the development of instruments aiming at reducing working time at the end of the career and the impact of working time arrangements at the end of the career on youth employment. The first chapter is based on a macro-sociological analysis of the dynamics of the labour market. First, by focusing on the early withdrawal of the older workers as a social problem, the thesis analyses the time gap between the withdrawal age and the compulsory retirement age. Second, the large set of arrangement used in Europe for leaving prematurely the labour market is examined. The first part is mainly based on a detailed analysis of the "average effective retirement age" indicator provided by the OECD. A longitudinal analysis (report of statuses from one year to the next) is also performed. The second part uses a hierarchical classification (clustering) and evaluates the evolution of the public policies effects between 2000 and 2010.The second chapter focuses on the working time reduction policies dedicated to older workers. Several aspects are reviewed. The first part extends the analysis developed in the first chapter by comparing the evolution of public policies on individual’s transitions from one status to another. The second part focuses on the recent development of "composite statutes" – a notion used to describe the combination of a position on the labour market and social benefits. Finally, the third and fourth parts focus on the legislative and the empirical evolution of two specific arrangements: the time credit (Belgium) and the combination of work and employment (France and Belgium).The third chapter provides an analysis of social rapports between generations on the labour market. The first part examines the impact of economic changes on the employment of younger generations and older workers in European countries. The analysis is based on three economic concepts – synchrony, hysteresis and dyschrony – describing the differentiated impact of economic changes on employment transitions. The second part, focusing on Belgium, examines the phenomenon of job sharing between generations and the concept of "lump of labour fallacy". Based on data derived from the Datawarehouse Labour Market and Social Protection, two logistic regressions are performed in order to evaluate the impact of the different composite statutes dedicated to older workers on the youth employment rate.