Résumé : Cette thèse qui regroupe six articles fait partie d’un projet ERC dont elle constitue une étape exploratoire par l’expérimentation des techniques statistiques (dont l’analyse multiniveau) qu’elle permet et la délimitation des possibilités offertes par les données existantes (PISA, PIRLS et des fichiers administratifs comme le comptage des élèves et la paie des enseignants).Des structures ségrégatives caractérisent profondément le système éducatif de la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) : l’organisation de l’enseignement en quasi-marché et selon des stratifications verticales et horizontales (notamment le recours massif à l’orientation et au redoublement) concourt au regroupement d’élèves similaires dans des écoles homogènes très différentes les unes des autres. La comparaison des systèmes éducatifs a permis d’observer une association entre le niveau de ségrégation et l’équité de ces systèmes. Afin de lier la ségrégation à ses conséquences sur les performances individuelles, l’effet de composition apparait comme un concept clé. Cet effet statistique réfère à l’impact de l’agrégation des caractéristiques individuelles une fois ces caractéristiques modélisées au niveau individuel. En d’autres termes, il permet de mesurer l’effet propre du mode de regroupement des élèves. Cet effet combine en fait une multitude d’effets ayant trait à des effets de pairs, à des pratiques et attitudes du corps enseignant ainsi qu’à la qualité de l’organisation de l’établissement scolaire.Les structures ségrégatives restent une entrée pertinente pour approcher la ségrégation. Premièrement, un recrutement différentiel a été observé de manière répétée. Les analyses ont montré que concernant le niveau scolaire des élèves, les différences importantes entre écoles sont principalement imputables à un recrutement différentiel, sur base non seulement des caractéristiques socioéconomiques, mais surtout de la position occupée par l’élève dans la hiérarchie scolaire. Secondement, le redoublement et l’orientation restent fortement associés aux résultats scolaires. La diminution de l’intensité de la relation entre l’origine socioéconomique et ces résultats lorsque le retard scolaire et la filière sont modélisés met en évidence le rôle intermédiaire que joue la carrière scolaire de l’élève dans cette relation.La composition socioéconomique exerce un effet significatif sur les résultats scolaires. Les élèves défavorisés font face à un double handicap puisqu’ils subissent les effets de leur origine, mais également ceux de leur regroupement avec des élèves également défavorisés. Une fois la composition socioéconomique contrôlée dans le modèle, les autres types de compositions (académique et ethnique) n’ont pas d’effet significatif en FWB. Les comparaisons internationales pourraient amener des éléments instructifs, mais s’avèrent problématiques. Le type de composition significatif et l’importance de son effet changent selon le système considéré. Si la composition socioéconomique a un effet en FWB, son effet est plus limité en Communauté flamande alors que la composition académique y a un effet important. L’hypothèse selon laquelle un effet de composition similaire devrait être observé dans des pays similairement ségrégués n’est pas non plus confirmée. Alors que cet effet est important en FWB et en France, il l’est moins en Espagne ou au Portugal. De plus, l’analyse factorielle n’a pas permis de dégager un facteur mesurant une composition défavorable et en assurer l’invariance.La modélisation de la composition reste un exercice contraignant. Elle requiert non seulement un ensemble de données individuelles dont notamment une mesure de la réussite antérieure, mais encore la possibilité d’identifier les niveaux pertinents (classes, enseignants et écoles). Les données disponibles pour en mesurer l’effet en FWB ne semblent pas adéquates. Les données collectées dans le cadre du projet EQUOP fourniront à ce titre une nouvelle piste à explorer.