Résumé : La problématique des tensions et conflits autour de la gestion du patrimoine culturel au Bénin pose la question de l'adéquation réelle du concept de patrimoine, du moins, tel qu'il est perçu dans le monde occidental aux réalités africaines. Dans un contexte local, soumis à la diversité culturelle des communautés béninoises, la patrimonialisation à l'Occidental devient rapidement un problème sérieux qui complique les relations entre les professionnels et les communautés en dépit des efforts de sensibilisations.Les séances de sensibilisation semblent ne plus suffire à résoudre les difficultés du patrimoine culturel au Bénin. La présente recherche a entrepris d'explorer les perceptions locales du patrimoine à travers les Idaatcha, communauté dont le territoire est situé au centre du Bénin, dans le département des Collines. Les regards endogènes des Idaatcha sur leurs perceptions du patrimoine et les rapports que différentes couches de la communauté (aînés, jeunes, femmes) développent vis-à-vis du patrimoine révèlent l'importance capitale de l'attachement et par conséquent de l'émotion dans tout processus de patrimonialisation au-delà des considérations scientifiques. Minimiser cette importance de l'attachement dans les rapports développés par les communautés, à leur patrimoine, revient à restreindre le dynamisme du patrimoine.Les professionnels béninois du patrimoine, généralement formés à l'Occidental, relayent in situ une vision hautement monumentalisée du patrimoine qui ne correspond pas aux perceptions locales. De plus, la propension à se conformer inexorablement aux normes internationales prônées par des institutions comme l'UNESCO, ne facilite pas toujours une réelle considération des pratiques locales en matière de patrimoine. Néanmoins, il s'avère indispensable, pour rester dans l'esprit de la diversité culturelle promue par les instances internationales, d'identifier, de conserver et de valoriser des articulations locales du patrimoine à travers des processus de patrimonialisation qui permettent aux communautés de décider de ce qui représente leur patrimoine culturel. Il faut par conséquent dépasser le stade d'une participation qui cloisonne les populations béninoises dans une position de sensibilisées.