par Pelgrims, Claire
Publication Non publié, 2015-12-08
Travail de recherche/Working paper
Résumé : J’aborde ici la mise en conformité de la morphologie et du paysage de l’agglomération bruxelloise pour accueillir la mobilité automobile à l’heure de la rénovation urbaine, entre 1955 et le début des préparatifs pour l’Expo 58 et 1975 qui marque l’institutionnalisation du mouvement de la Reconstruction de la Ville Européenne. Pour contrer l’exode urbain en constituant un paysage attractif et s’affirmer comme pôle tertiaire international, la rénovation urbaine à Bruxelles procède à l’époque au desserrement de la ville. Celui-ci conjugue une meilleure accessibilité de la ville par la modernisation du réseau (auto)routier et la construction de bâtiments mixtes de grande hauteur en ordre ouvert dans des continuités vertes structurantes pour la ville (Pelgrims 2015). Le Ministère des Travaux Publics est à l’époque fortement tourné vers l’exemple américain qui propose une fonctionnalisation de l’espace public, c’est-à-dire une rationalisation des flux de mobilité et une technicisation de la gestion de l’espace publique en termes de capacité d’absorption des flux (Tellier 2012). La littérature a néanmoins jusqu’ici négligé que, simultanément, le ministère reprend également à travers le Plan Vert (1958) la logique paysagère héritée des réflexions de Seifert pour l’Autobahn allemande et de Moses pour les State Parkways dans la continuité d’une vision 18e siècle intégrant nature et culture (voir Hall 1988; Rollins 1995). À Bruxelles, les techniciens de l’infrastructure promeuvent et mettent ainsi en place un programme esthétique de mise en séquences rythmées des objets (architecturaux et végétaux) qui bordent les autoroutes urbaines et rurales en justifiant certains choix d’ordre esthétique par des arguments techniques (sécurité…). Ce décor constitue alors avec l’infrastructure de mobilité qu’il borde un roadscape (Leloutre et Pelgrims 2015) incarnant un imaginaire de vitesse articulant fonctionnalité et esthétisation, un paysage de route cinématographique perçu à travers le pare-brise (Appleyard et al 1964; Friedberg 2002) qui répond à une nouvelle monumentalité, tangente et cinétique.