Partie d'ouvrage collectif
Résumé : La dialectique vitesse-lenteur apparaît désormais comme un excellent analyseur des transformations des grandes villes en régime de globalisation. A partir du cas de Bruxelles, capitale de l’Union européenne, petite ville mondiale, se situant haut dans de nombreux rankings internationaux, l’article montre comment se redéfinissent les politiques de la ville et se reconfigurent les aménagements urbains en fonction d’impératifs d’accélération et de ralentissement. Evoquant d’abord l’héritage des mobilités fordistes qui, avec ses autoroutes urbaines notamment, ont largement configuré la ville, il met en évidence les tensions internes au sein des nouvelles politiques d’attractivité qui doivent concilier des vitesses d’arrivée et de communication avec des exigences de lenteur liées notamment au tourisme et au consumérisme. Il montre aussi comment les fonctionnalités urbaines se trouvent aujourd’hui infléchies sous l’horizon du « citoyen actif » et des « mobilités douces » qui lui sont associées, comment aussi, sous l’impulsion du référentiel écologique, se développent des tensions fortes, dont témoigne une sémantique guerrière (parkings de dissuasion, casseur de vitesse…), entre la mobilité liée à l’automobile et celles liées à la marche, au vélo ou aux transports publics ou partagés. Comment enfin, la phénoménologie de la ville « sensible », contrairement à la poétique de la vitesse porté par l’imaginaire fordiste, tend actuellement à s’attacher à la lenteur.