par Adam, Robert
Président du jury Merlin, Aude
Promoteur De Waele, Jean-Michel
Co-Promoteur Tismaneanu, Vladimir VT
Publication Non publié, 2016-02-18
Président du jury Merlin, Aude
Promoteur De Waele, Jean-Michel
Co-Promoteur Tismaneanu, Vladimir VT
Publication Non publié, 2016-02-18
Thèse de doctorat
Résumé : | Le thème que nous nous proposons d’aborder dans la présente thèse est celui du populisme comme idéologie avec ses manifestations dans le monde, en Europe et surtout en Roumanie, où ses amples développements ont été à notre avis insuffisamment explorés jusqu’ici. L’hypothèse que nous avançons et que nous essaierons de valider par notre étude est celle que le populisme roumain n’est pas récent ou de fraiche importation, mais qu’il est solidement enraciné dans l’histoire et que ses évolutions ont un intérêt académique certain. L’interrogation méthodique, approfondie de la bibliographie spécialisée nous a révélé l’existence d’un intérêt minimum pour les variantes roumaines du populisme. La bibliographie internationale sur le populisme roumain est restreinte (Ghiţă Ionescu, Aurel Braun, Vladimir Tismăneanu, tous d’origine roumaine, sont actuellement les références citables). En Roumanie, quelques recherches isolées, surtout des dix dernières années, ont abordé des aspects ponctuels.Notre démarche tient sur trois piliers. Un premier chapitre théorique vise à interroger et clarifier la notion de populisme. Nous sommes partis à la recherche du populisme en utilisant la méthodologie de Margaret Canovan et Guy Hermet. Nous avons donc entrepris de refaire l’histoire du concept (narodniki russes, populistes américains, agrariens est-européens de l’entre-deux guerres, populismes latino-américains et d’Europe occidentale d’après guerre. L’étude taxonomique s’est accompagnée d’un passage en revue des conditions locales ayant généré les avatars du populisme sur quatre continents. Nous avons par la suite procédé à un état de la recherche sur la notion de populisme pour aboutir à une définition propre qui intègre des éléments dus à Jaguaribe, Hermet, Albertazzi et Mc Donnel, Laclau.Forts de la définition, nous avons passé en revue les rapports entre populisme et les diverses variantes du nationalisme, en insistant sur le national-populisme théorisé en première par Gino Germani, fort présent en Europe centrale et orientale et sans doute en Roumanie. Nous avons insisté sur les spécificités et les variables (temps, existence d’un leader charismatique) du populisme dans cette région, en retraçant, à la manière de Hermet, l’histoire politique de ces pays (Bulgarie, Hongrie, Pologne, République Tchèque, Roumanie, Slovaquie) avec un accent sur les mouvements considérés (à raison ou à tort) comme populistes.Le premier chapitre constitue la trame de fond du second, qui fait un panorama des avatars du populisme roumain des origines et jusqu’au début de la seconde guerre mondiale. Nous y avons surtout utilisé des sources roumaines (monographies de courants idéologiques, biographies, études et synthèses historiques, collections de revues et journaux, documents d’archives). En Roumanie, le populisme s’est manifesté depuis les débuts de la modernité politique, au XIXe. Le problème paysan a représenté la matrice du populisme roumain et l’examen des solutions pour y répondre constitue le fil conducteur de ce chapitre. Nous en avons dressé l’inventaire : populisme d’État modernisateur à la Peron (prince Cuza), socialisme de Gherea avec la paysannerie en arrière-garde du prolétariat, radicalisme bourgeois de gauche (le poporanism de Stere), populisme romantique et passéiste (le semeurisme de Iorga), boulangisme tardif (général Averescu), paysannisme avec sa doctrine coopératiste (PNP de Maniu et Mihalache), mais aussi le fascisme déviant de la Garde de Fer, qui a ciblé elle aussi les campagnes. Tous ces projets politiques ont illustré l’échec du populisme face aux problèmes de la société roumaine en voie de modernisation.Le troisième chapitre est consacré à la récrudescence populiste après la longue parenthèse communiste. Une analyse du national-communisme de Ceauşescu nous permet d’identifier bien des facteurs ayant façonné la société roumaine de 1989. Le national-populisme a connu un important essor en Roumanie post-communiste. Nous avons mis à profit des recherches internationales (De Waele, Tismăneanu), mais aussi locales comme des discours, articles de presse, sondages, archives électroniques. Nous avons accordé une attention particulière au Parti de la Grande Roumanie de Corneliu Vadim Tudor, le cas typique auquel nous avons consacré une étude. D’autres formations (PUNR, PNG de George Becali, Parti du Peuple – Dan Diaconescu, les anémiques héritiers du Mouvement Légionnaire) ont été passées en revue, pour constater leur inconsistance doctrinaire et leur faible impact électoral. De même, nous avons conclu que le national-populisme roumain post-communiste s’inscrit dans la continuité du national-communisme et très marginalement dans celle de ‘entre-deux-guerres. S’adressant aux perdants de la transition, ces partis ont failli à laisser leur marque. Deux leaders ayant fini en prison, un autre mort, la voie populiste semble momentanément fermée, bien qu’elle ait réussi une percée récente dans le discours des partis mainstream. Notre thèse retient une fin qui saurait aussi bien s’avérer un nouveau commencement. |
The theme we intend to investigate in this dissertation is populism as an ideology with its embodiments throughout the world, in Europe and most of all in Romania, where its vast developments have been in our view insufficiently explored until now. The hypothesis we submit and which we shall try to validate by our research is that Romanian populism is not recent or freshly imported, but it is deeply rooted in history and its evolutions are of undoubted academic interest. The deep, thorough examination of specialized bibliography revealed us a limited interest for the Romanian variants of populism. The international bibliography on Romanian populism is far from extensive (Ghiţă Ionescu, Aurel Braun, Vladimir Tismăneanu, all of Romanian origin, are now the quotable references). In Romania, the research is not abundant either, but over the ten last years some individual aspects of the topic have been investigated. Our approach is threefold. A first theoretical chapter aims to questioning and clarifying the notion of populism itself. We set off in search of populism making use of Margaret Canovan and Guy Hermet’s methodology. We have thus ventured to trace back the concept’s history (Russian narodniki, American populists, East-European agrarianisms in-between the world wars, Latin-American and Western European populisms after WWII. The taxonomic study was accompanied by a review of local contexts having generated the avatars of populism on four continents. We have subsequently drawn a state-of-play of the research on populism as a concept in order to come up with our own definition which integrates elements owed to Jaguaribe, Hermet, Albertazzi & Mc Donnel, Laclau.On the solid ground of the definition, we have reviewed the relationships between populism and the diverse variants of nationalism, focusing on the national-populism first theorized by Gino Germani. National-populism is to be widely encountered in Central and Eastern Europe and undoubtedly in Romania. We have insisted on the specificities and variables (time, existence of a charismatic leader) of populism in this region, by recounting in the manner of Hermet the political history of these countries (Bulgaria, Czech Republic, Hungary, Poland, Romania, Slovakia) with special regard to movements rightly or wrongly considered as populist. The first chapter sets the framework of the second one, which brings about a panorama of the Romanian populist avatars from its origins to the start of WWIII. We have mostly made use of Romanian sources (monographs of ideological trends, biographies, historical studies, collections of magazines and newspapers, documents from the archives).Populism has been a constant presence in Romania, since the beginnings of the country’s political modernity in the 19th century. The peasant problem represents the matrix of Romanian populism and the review of the foreseen solutions to solve it represents the unifying thread of this chapter. We have proceeded to an inventory : modernizing state populism à la Peron (prince Cuza), Gherea’s socialism with the peasantry seen as the rearguard of the proletariat, left bourgeois radicalism (Stere and his poporanism), Romanticist & revivalist populism (Iorga and his sămănătorism), late boulangisme (General Averescu), agrarianism with the underlying cooperatist doctrine (National Peasant Party of Maniu and Mihalache), but also the Iron Guard’s deviant fascism, which targeted rural areas as well. All these political projects illustrated the failure of populism to address the problems of Romanian society on its way to modernity. The third chapter deals with the populist revival in Romania after the fall of communism in 1989. An analysis of Nicolae Ceauşescu’s national-communism enables us to identify many factors having shaped the Romanian society of 1989. National-populism enjoyed massive success in post-communist Romania. We took advantage of international (De Waele, Tismăneanu), but also local research and explored speeches, press items, polls, electronic archives.Particular attention was paid to Corneliu Vadim Tudor’s Greater Romania, the typical case which we studied. Other parties (PNUR, George Becali’s NGP, Dan Diaconescu’s People’s Party, the feeble heirs to the Legionary Movement) were reviewed, only to conclude to their doctrinal shallowness and weak electoral impact. We have come to the conclusion that Romania’s post-communist national-populism is based on the legacy of national-communism and only marginally on the heritage of Romania’s interwar populisms. Targeting the losers of transition, these parties failed to achieve major success. Two of their leaders ended up in prison, a third one is dead, so the populist path seems momentarily shut, though it has managed a recent breakthrough into the discourse of mainstream parties. Our dissertation closes on an end note which may well prove a new beginning. |