Résumé : Les Temps modernes constituent une époque qui a vu foisonner les migrations. « Explorations », conquêtes, reconquêtes, repopulations, missions, exils ou entreprises commerciales entrainent pour la première fois une infinité de déplacements aux quatre coins du monde.À cette époque et dans l’histoire des migrations, le sud des Pays-Bas méridionaux tient une place décisive. D’une part, il est à la croisée de blocs confessionnels d'une chrétienté européenne nouvellement divisée par les Réformes protestantes et les guerres de religion, puis fait l’objet des conquêtes de Louis XIV. Il opère dans un contexte géopolitique extrêmement conflictuel, qui ouvre des espaces de refuge et les confronte à la désertion et à la réception d’individus isolés, de familles ou de groupes professionnels.D’autre part, les Pays-Bas espagnols forment une composante particulièrement peuplée et prospère du système impérial polycentrique espagnol. Celui-ci, dans le développement de sa politique d’exclusivité confessionnelle, assigne l’homogénéité religieuse comme essence de la fidélité politique et fixe des éléments décisifs pour les mouvements de populations.Dans ce cadre original et complexe, cette thèse élabore une problématique autour de la réception d’ « étrangers de nation », à la fois voisins et ressortissants d'une monarchie considérée comme l'ennemi politique, dans un espace frontalier. Ce dernier apparaît comme le marquage de discontinuités géopolitiques, mais aussi comme un lieu de passage, une « limite » poreuse et un élément générateur de consensus en termes de pratiques sociales, juridiques, politiques et économiques.