Résumé : On entend souvent que les journalistes ne respectent pas assez la norme linguistique, et qu’ils jouent donc un rôle néfaste pour l’évolution de la langue. Il convient avant tout de relativiser l’unicité de « la » norme : la limite n’est pas toujours aussi claire entre les usages corrects et les « fautes ». Sous l’angle de la réflexion, ce travail tente d’appréhender la manière dont quinze journalistes belges conçoivent la langue qu’ils utilisent. Les caractéristiques de cette langue, entre le reflet et le modèle de la langue de la société, sont multiples et complexes. Pourtant, les médias étudiés ne développent pas de politiques linguistiques fortes et centralisées. Les considérations des journalistes déterminent donc largement le français des médias. Leur rapport à la norme apparait trouble : les journalistes veulent respecter la norme, mais ils ne savent pas exactement quelle norme considérer. Aussi, ils sont partagés entre le désir de respecter les règles et l’impératif d’être compris. Malgré cette insécurité linguistique, la langue ne semble pas faire l’objet d’une réflexion permanente entre les journalistes. Au final, le français des médias se situe au cœur du paradoxe d’une langue qui a besoin d’une certaine fixité mais qui évolue en permanence.