Résumé : L’objectif de ce travail consiste à décrire les textes en ligne de présentation d’universités francophones en Europe en vue d’expliciter la façon dont ils font sens, intégrés dans les stratégies de communication web des universités contemporaines en Europe. Il s’agira de considérer ces textes, rassemblés en corpus, comme le produit tangible et matériel d’une pratique sémiotique en contexte en mettant l’accent sur les régularités discursives qu’ils rendent manifestes. Tenant compte de la façon dont nous aurons défini la nature de toute pratique discursive , nous prêterons donc attention 1) aux « régularités génériques » (c’est-à-dire les régularités propres au genre de discours) qu’un ensemble de textes, produits dans des situations de communication que l’on juge similaires, ne manquent pas de générer, et 2) aux « régularités interdiscursives » (c’est-à-dire propre à l’interdiscours) qu’une confrontation de cet ensemble de textes à d’autres ensembles textuels, émanant d’autres situations de communication, permet également de détecter. La question de recherche envisagée prend donc la forme suivante : quelles régularités discursives est-il possible de déceler dans les textes de présentation d’universités? De cet objectif découlent deux hypothèses de recherche, qu’il s’agira d’infirmer – ou confirmer – à partir de l’analyse du corpus. Premièrement, nos textes en ligne de présentation d’universités présentent des régularités génériques dans leur façon de « dire » la promotion d’une institution académique (H1). Cette première hypothèse concerne les textes en tant qu’ils sont liés à un contexte de production. Deuxièmement, les textes en ligne de présentation d’universités présentent des régularités interdiscursives liées à la formation discursive propre à l’enseignement supérieur européen (H2). Cette seconde hypothèse concerne les textes en tant qu’ils sont liés à un (des) cotexte(s) particulier(s). À travers ce travail, nous proposons de montrer en quoi la pratique discursive consistant à promouvoir en ligne une université produit des textes numériques génériquement stéréotypés qui témoignent de la présence d’un ordre du discours relatif aux processus de marchandisation et de néolibéralisation de l’enseignement supérieur en Europe. Ces textes portent les traces discursives de ces processus, traces dont l’étude permet de porter un éclairage original sur la façon dont les institutions universitaires envisagent et promeuvent le type d’enseignement supérieur et de recherche qu’elles se proposent de servir.