Thèse de doctorat
Résumé : Techniques ambulatoires de diagnostic et de monitoring des troubles respiratoires liés au sommeil.Le syndrome d’apnées obstructives du sommeil (SAOS) est un trouble du sommeil très fréquent, fortement lié à l’obésité, ce qui explique sa prévalence en pleine expansion. En parallèle, la demande d’examens polysomnographiques (PSG) en laboratoire du sommeil, méthode diagnostique de référence, est en croissance. Comme l’accès à cette technique est peu aisé, de nombreux appareils simplifiés d’enregistrement de sommeil ont été récemment développés, mais restent imparfaits (mauvaise évaluation du temps de sommeil, sous-estimation de la sévérité du SAOS, faux négatifs, taux d’échec élevé) et sont d’un apport limité pour le diagnostic du SAOS. La PSG au domicile (PSG-d) est une alternative bien plus informative, permettant d’éviter nombre des désavantages rencontrés par l’usage d’appareils simplifiés. Nous l’avons dès lors étudiée pour le diagnostic du SAOS, au travers d’une étude randomisée comparant la PSG-d vs la PSG hospitalière. En termes d’efficacité diagnostique,, les résultats sont excellents, avec un faible taux d’échec d’examens à domicile (4.7 vs 1.5%). Les patients préfèrent être enregistrés dans leur propre environnement où la qualité de leur sommeil est d’ailleurs meilleure. Nous avons ensuite voulu faire le point sur la littérature récente au travers d’un article de revue, en analysant les études prospectives randomisées comparant la PSG-d et au labo du sommeil. Les résultats de ces études concordent pour démontrer que la PSG-d constitue une excellente alternative aux tests réalisés à l’hôpital. Outre le SAOS, l’outil permet le diagnostic d’autres troubles du sommeil, comme les mouvements périodiques des jambes durant le sommeil, les troubles du rythme circadien,... Une question restée jusqu’ici sans réponse était l’influence de la localisation du branchement des PSG-d, à l’hôpital ou à domicile. Une étude prospective randomisée nous a permis d’établir que la localisation du branchement des PSG-d n’influençait pas la qualité globale de l’examen, ce qui simplifiera l’utilisation de cet outil à l’avenir. Enfin, nous avons utilisé des techniques de télé monitoring (TM) pour contrôler, en temps réel, la qualité des PSG-d. Dans une première étude pilote, la faisabilité a été confirmée, malgré quelques difficultés techniques. Nous avons voulu appliquer la technique à une population de patients souffrant d’un syndrome coronarien aigu, incapables d’être enregistrés au labo du sommeil. Nous avons étudié la qualité du screening du SAOS par PSG vs polygraphie (PG). Les résultats se sont révélés surprenants : 82% de cette population présentait des troubles respiratoires liés au sommeil, principalement centraux. La PSG était nettement plus sensible que la PG, et le TM améliorait la qualité des PSG. Chez les patients traités pour SAOS, nous avons ensuite utilisé un outil de monitoring, l’actigraphie (Act), afin d’observer, dans la vie de tous les jours, les changements de schémas de sommeil et d’activité physique engendrés par la pression positive continue (PPC). Dans un premier travail, rétrospectif, nous avons observé ces paramètres chez des SAOS avant traitement, puis au travers d’une étude prospective multicentrique, nous avons suivi 150 patients avant et après PPC, et observé chez eux une augmentation de temps de sommeil, mais pas de l’activité physique. En conclusion, nous avons démontré dans cette thèse l’intérêt clinique de deux excellents outils ambulatoires, la PSG-d et l’Act, pour la prise en charge du SAOS. Les implications potentielles sont une meilleure accessibilité diagnostique pour le SAOS, une initiation thérapeutique plus précoce et un suivi plus précis des SAOS traités, dans des conditions ambulatoires, plus confortables et plus adéquates pour les patients.
Ambulatory diagnostic and monitoring techniques for sleep disordered breathingSleep disordered breathing (SDB), including obstructive sleep apnea syndrome (OSAS), is directly related to obesity. Significant morbi-mortality is associated with OSAS, explaining the increasing demand for in-hospital polysomnography (PSG), the reference diagnostic method. As this technique is complex and time-consuming, many simplified portable monitoring (PM) devices for home sleep testing have been developed. However, the ability of PM devices to detect OSA remains limited: sleep time is not correctly assessed, OSA severity is underestimated, false negative results occur and the failure rate of the tests is high, up to 30%. Home-PSG (H-PSG) is an interesting alternative, avoiding many of these drawbacks. In the first part of this work, we studied the tool in an original study comparing H-PSG and in-lab PSG. Diagnostic efficacy was good and the failure rate low (4.7 vs 1.5%). Patients slept in their own environment and thus sleep quality was better. We were then interested by reviewing recent literature data regarding prospective randomised trials comparing H-PSG and in-lab PSG. We concluded that H-PSG is an excellent alternative for in-lab PSG, allowing not only OSA detection but also diagnosis of a large panel of other sleep disorders (periodic leg movements during sleep, circadian disorders,..). As the best place to perform set-up for H-PSG remained unknown, we studied, in another prospective randomised study, the recording’s quality obtained in both settings. As no difference was observed, lab set up was found to be the simpler option for performing H-PSG. We then tested, in a prospective pilot study, real-time telemonitoring (TM) of H-PSG in order to enhance recording quality. Results were encouraging but we faced some technical problems. In a second study, we applied TM coupled with PSG to detect SDB in acute coronary syndrome, in patients too unstable to come in the sleep lab. We compared also PSG results to polygraphy (PG). Surprisingly, 82% of patients suffered from SDB. PSG was much more sensitive than PG to screen SDB in this population and TM improves recording quality. In the second part of this work, we have used actigraphy (Act) to assess sleep and physical activity in OSA patients in real-life conditions. Firstly, in a retrospective study, we documented these parameters before treatment. In a second multicentre study, we evaluated the changes in sleep schemes and physical activity under continuous positive airway pressure (CPAP) in 150 OSA patients. We observed that sleep time was increased under CPAP, but physical activity was not improved, contrarily to sleepiness and quality of life. In conclusion, we have shown through these works the clinical interest of two excellent ambulatory tools, H-PSG and Act, for OSA management. Potential clinical implications include enhanced healthcare accessibility, earlier treatment initiation and a closer follow-up of treated patients, through ambulatory tools, in a comfortable environment for the patients.