Résumé :

62 ostraca grecs (documents écrits sur tessons de céramique), conservés depuis 1910 à la Bibliothèque Nationale et Universitaire de Strasbourg (France), sont ici édités pour la première fois. Il s'agit essentiellement de reçus d'impôts, qui proviennent de Thèbes (Haute-Egypte) et datent du Haut-Empire romain, en particulier du IIe s. apr. J.-C. La présentation met en évidence un phénomène bien connu en papyrologie, mais qui n'avait guère été exploité pour ce type de textes: les contribuables, en conservant ces documents pour un éventuel contrôle, se constituaient de modestes archives privées. Celles-ci ont parfois été retrouvées telles quelles, puis dispersées sur la marché des antiquités: il convient donc, autant que possible, de les reconstituer dans la publication, de sorte que 27 ostraca conservés dans d'autres collections (Royal Ontario Museum; Biblioteca Medicea Laurenziana; Sorbonne) mais apparentés aux nouveaux documents de Strasbourg, sont republiés ici.

Les dossiers ainsi réunis permettent diverses recherches sur le système de taxation complexe mis en place à l'époque romaine (impôts capitaires, fonciers et autres) et sur l'organisation de la perception et ses variations dans le temps et, surtout, selon les sites. Ils éclairent également la topographie de Thèbes, du point de vue administratif, à cette époque. Une petite moitié des textes publiés ici, dont plusieurs sont bilingues, constituent les archives d'une famille de prêtres, dont un stoliste d'Apollon (Montou) et Asklèpios (Imhotep); ils apportent ainsi un témoignage important sur le milieu où se maintint le plus longtemps l'usage du démotique: à Thèbes comme ailleurs en Egypte, il apparaît qu'il s'agit du clergé.