Résumé : La première étape de la réponse immune est réalisée par des cellules "sentinelles": les cellules dendritiques (DC). Elles ont à la fois un rôle de surveillance de l’organisme et une capacité unique à alerter les lymphocytes T naïfs. Leur efficacité à présenter des antigènes rencontrés en périphérie à des lymphocytes résidant dans les organes lymphoïdes résulte d’une spécialisation de fonction au cours du temps. A l’état immature, elles capturent et apprêtent les antigènes protéiques au niveau de divers organes, mais ont une faible capacité stimulatrice. Par contre, à l’état mature, elles perdent la capacité de capturer des antigènes, acquièrent celle de sensibiliser des lymphocytes T et migrent vers les organes lymphoïdes.

Cependant, des DC immatures sont présentes dans les organes lymphoïdes en contact avec les cellules T laissant supposer qu’elles pourraient jouer d’autres rôles que celui de sentinelles.

L’immunisation de souris par injection de DC immatures ou matures nous a permis de mettre en évidence un rôle potentiel des DC immatures. Ces dernières induisent en effet une prolifération des cellules T CD4 et leur différenciation en cellules de mémoire en absence de réponse primaire effectrice (absence d’IFN-) suite à une production d'IL-10. La différenciation de cellules de mémoire par des DC immatures pourrait être un mécanisme permettant d’alerter le système immunitaire lors d’infections limitées ou dans un contexte peu activateur (en présence d'IL-10) ne nécessitant pas l’induction de réponse immune immédiate.

De plus, les DC spléniques immatures et matures semblent migrer des sites d’immunisation vers la zone des cellules T des ganglions drainants dans les mêmes proportions. La migration est un mécanisme impliquant les DC injectées mais aussi une activité physiologique des souris immunisées: aucune migration n’est observée chez des souris anesthésiées. En outre, les résultats obtenus au cours de cette étude suggèrent qu’un transfert de membranes pourrait avoir lieu entre les DC injectées et celles de l’organisme receveur. Ce mécanisme permettrait d’amplifier le signal antigénique exposé par les DC migrant de la périphérie.