Thèse de doctorat
Résumé : Cette dissertation porte sur les liens entre les pratiques politiques et la construction des savoirs, académiques et scientifiques, explorés dans le mouvement féministe et les « Études féministes » contemporains, notamment anglo-américaines (women studies), depuis les années 1970.

Dans la première partie, après avoir introduit le sens que donnent à la pratique « politique » certaines traditions féministes, nous présentons différentes entrées des critiques féministes des savoirs scientifiques : la critique de l'exclusion historique des femmes de la production des savoirs et des sciences et l’examen critique des préjugés sexistes intervenant dans les contenus et les critères de validation des connaissances (théorie de la connaissance ou épistémologie).

La deuxième partie de la thèse propose une lecture d’auteures anglophones qui ont abordé les sciences à partir d’une perspective féministe et qui ont développé des propositions qui encouragent à la reconnaissance active du caractère partiel et situé de toute construction de savoir. Nous abordons, plus précisément : les théories sur l’incidence épistémologique de points de vue et positionnements féministes (standpoints) ; le travail de la philosophe Sandra Harding spécialement sa conceptualisation d’une « objectivité forte » ; et la conception des « savoirs situés » dans le travail de l’historienne de la biologie Donna Haraway. Ces propositions de politiques du savoir sont aussi abordées dans l’optique de montrer les problèmes spécifiques qu’elles rencontrent quand elles s’adressent aux savoirs de la tradition scientifique expérimentale.

Une question traverse la thèse : Comment ces critiques et propositions tiennent-elles compte de la diversité des pratiques spécifiques de construction des savoirs ? Alors même que le cœur des propositions féministes qui nous intéressent est de situer les savoirs dans leur spécificité reste à savoir comment ces mêmes politiques féministes résistent à se désituer à savoir, à emprunter les formes d'une théorie générale pour aborder les pratiques singulières. Prendre en compte de la spécificité des pratiques exige en outre d’envisager les auteures féministes au travail dans les pratiques et problèmes singuliers qui les intéressent, et ainsi montrer la richesse de ce courant de pensée.