Résumé : Le silence — ou plutôt la grande variété de ce que l’on appelle “silences” — est un phénomène complexe qui prend une part directe dans la dynamique du langage et la création du sens linguistique, mais aussi dans la production du sens symbolique et des effets poétiques. Le travail est organisé en deux parties: la première traite la question de l'acte de silence dans l'expérience linguistique du monde, tandis que la deuxième analyse l'expérience poétique des silences en appliquant les résultats précédemment obtenus au Coup de dés de Stéphane Mallarmé. Plus précisément, dans la partie linguistique, on passe en revue différentes théories pour dégager la place que le silence s’y voit reconnaître. On l’étudie successivement en tant que signe linguistique, en tant qu’acte linguistique, comme élément pertinent, comme procédé rhétorique, comme phénomène symbolique. La partie poétique se fonde sur la théorie de l'évocation pour aboutir, en passant par un chapitre consacré à la poésie moderne dans son ensemble, à l'œuvre de Stéphane Mallarmé, le premier poète qui ait créé une véritable poétique des silences, tant dans ses ouvrages poétiques (dont le Coup de dés est l'exemple le plus radical) que dans ses écrits théoriques.