Thèse de doctorat
Résumé : Le nicotinamide est un des deux constituants de la vitamine B3. C’est aussi un agent pharmacologique qui a été testé dans le traitement du HIV chez l’homme, et comme traitement contre diverses pathologies. Il présente également des capacités cytoprotectrices dans plusieurs modèles de stress cellulaire et est considéré comme un agent pharmacologique prometteur dans le traitement des maladies de dégénérescence cérébrale d’origine vasculaire. Il module la réponse innée en inhibant notamment la synthèse de molécules pro-inflammatoires. Toutefois, son influence sur la réponse adaptative n’a pas encore été analysée.

Le nicotinamide intervient dans la biosynthèse du NAD comme précurseur dans la voie de « sauvetage ». Le rôle du NAD comme coenzyme dans de nombreuses réactions enzymatiques du métabolisme de la cellule est bien connu. De plus, le NAD peut être dégradé par différentes enzymes impliquées dans différentes modifications post-traductionnelles de protéines (PARPs, Sirtuines et MARTs). Le nicotinamide est un produit de la dégradation du NAD mais également un inhibiteur de ces enzymes et constitue donc un outil permettant d’étudier le rôle de ces enzymes dans la transduction de signaux intracellulaires.

Nous avons utilisé le nicotinamide comme un inhibiteur non toxique des différentes enzymes impliquées dans les réactions d’ADP-ribosylation et étudié son effet sur l’activation des lymphocytes B. Le nicotinamide inhibe la prolifération et la différentiation de ces cellules. Il ne module pas les étapes précoces du BCR mais inhibe l’activation des MAPKs et de la kinase Akt. L’inhibition des MAPKs Erk est corrélée avec une réduction de l’expression de la cycline D2 et du marqueur d’activation CD69. L’utilisation d’un inhibiteur des PARPs ne nous a pas permis de reproduire les effets du NAm sur la voie MAPK Erk et CD69. Par contre, le MIBG, un inhibiteur des MARTs inhibe bien la surexpression du CD69 ainsi que la phosphorylation des kinases Erk. Bien que le nicotinamide soit capable d’inhiber l’expression du CD69 in vivo, nos expériences ne nous ont pas permis de moduler la réponse immune adaptative in vivo.

Ceci suggère dès lors que l’utilisation de fortes doses de nicotinamide comme traitement pharmacologique de certaines affections chez l’homme ne devrait pas poser de problème au niveau de la réponse adaptative. De plus, notre mise en évidence des MARTs dans le contrôle de l’activation des lymphocytes B ouvre des perspectives encourageantes pour de nouveaux traitements modulant la réponse adaptative. Cette réponse étant particulièrement impliquée dans certaines maladies auto-immunes, il est potentiellement intéressant de trouver des inhibiteurs de ces enzymes plus puissants que le nicotinamide afin de moduler la réponse immune adaptative in vivo