Thèse de doctorat
Résumé : Ce travail vise à apporter des éléments de réponse à plusieurs questions: quelles sont les relations entre ressources naturelles et conflits ? Quelle est la géographie des conflits liés à l’exploitation des ressources naturelles ? Quelle est l’origine des conflits liés à l’exploitation des ressources naturelles ? Après un bref aperçu critique des modèles développés dans la littérature contemporaine pour expliquer les relations entre conflits et ressources naturelles, le constat de leur insuffisance entraîne un examen approfondi de ces relations sous plusieurs angles. Il s’ensuit que les conflits liés aux ressources naturelles sont ceux qui ont trait à la répartition des ressources, aux conditions d’exploitation et à la répartition des revenus de l’exploitation des ressources.

À partir d’une classification des conflits selon une typologie des Etats du monde d’inspiration Centre-périphérie, l’argument principal de ce travail consiste à expliquer les conflits liés aux ressources naturelles – et plus largement tous les conflits – par l’amplification de deux phénomènes : le déclin de l’activité économique et l’exacerbation des tensions politiques. L’examen d’une série de cas (Aceh, Colombie, Angola, Afghanistan, Sierra Leone, Liberia, Cambodge) confirme la lecture matérialiste politico-économique des conflits liés à l’exploitation des ressources naturelles. Le rôle des structures d’appropriation du pouvoir et des revenus, en particulier de la rente des revenus issus de l’exploitation des ressources naturelles – cruciale dans des économies peu industrialisées – apparaît à la lumière du jour.

Enfin, ce travail offre quelques réflexions sur l’influence des structures d’appropriation dans l’éclatement et la durée des conflits. La question de l’origine des structures d’appropriation et de ses liens présumés avec la diffusion de la propriété privée en parallèle avec le développement du système-monde est ainsi développée, précédant la critique du rôle pseudo-développementaliste des ressources naturelles, dont le résultat de l’exploitation est surdéterminé par les structures d’appropriation locales (Tchad). Le travail se conclut sur une mise en perspective des enjeux du contrôle des territoires où sont exploités des ressources naturelles et de l’apport de cette question dans l’élaboration d’une géographie de la violence.