Résumé : A des concentrations supra-optimales, les métaux lourds essentiels (comme le Cu, Zn ou Ni) ou les métaux lourds non essentiels (comme le Cd, Pb ou Hg) peuvent être toxiques. La contamination des sols et de l’eau par des métaux lourds toxiques est un problème mondial qui peut nuire à l’environnement et à la santé humaine. En particulier, le cadmium est l’un des métaux lourds les plus toxiques pour les organismes. L’utilisation de plantes pour extraire ou dégrader les polluants (dans le cas de polluants organiques) constitue une stratégie intéressante, à bas coût et respectueuse de l’environnement pour remédier au problème des sites pollués. Pour une phytoextraction des métaux lourds, les plantes doivent avoir une croissance rapide, développer des biomasses importantes et accumuler des niveaux élevés de métaux lourds dans leurs parties récoltables. En d’autres termes, elles doivent être très tolérantes et accumulatrices. Une alternative consiste à utiliser des plantes tolérantes de façon à contenir la pollution (pour réduire la biodisponibilité et limiter la dispersion dans l’environnement). Des gènes d’une banque d’ADNc synthétisée à partir d’un hyperaccumulateur Cd/Zn Thlaspi caerulescens, dont l’expression augmente la tolérance au Cd dans les cellules, ont été identifiés. Dans cette thèse de Doctorat, notre but est d’une part de contribuer à la caractérisation fonctionnelle de ces gènes et d’autre part de créer de nouveaux outils en vue d’améliorer les techniques de phytoremédiation. Nous avons sélectionné deux séquences codant pour des protéines riches en cystéines, capables de lier certains métaux lourds et d’augmenter la tolérance au cadmium : une métallothionéine de type 3 (Tc-MT3) et une métallothionéine potentielle (MRP) provenant d’un organisme contaminant de la banque d’ADNc. Nous avons générer des lignées de tabac exprimant TcMT3 ou MRP, sous le contrôle d’un promoteur fort et constitutif, CaMV35S. Les plantes MT3 et MRP ont présenté un retard de croissance par rapport aux plantes contrôles, en croissance sur milieu non contaminé. Différents tests de croissance ont été réalisés en présence d’excès de Zn, Ni ou Cu et dans des milieux modifié avec du Cd. Nous avons remarqué qu’en présence de plusieurs métaux lourds en particulier le Cu et le Cd, les plantes Tc-MT3 et MRP étaient plus tolérantes que les plantes contrôles. La tolérance au Cd était la plus augmentée dans les plantes MRP. Les plantes Tc-MT3 ou MRP semblaient avoir un besoin en métaux lourds plus grand. L’accumulation des métaux lourds dans les parties aériennes n’était pas augmentée mais la minéralomasse des plantes Tc-MT3 et MRP l’était sur sol contaminé de la Région Bruxelloise. Une analyse biochimique a confirmé un changement dans le statu rédox de ces plantes. Une tendance à un statut plus oxydant a été observée dans les milieux non contaminés. Enfin, l’induction d’une métallochaperonne (CCH) du Cu indique une diminution de la biodisponibilité de cet élément, alors que la concentration totale n’est pas altérée. Il semble donc que pour la première fois, des métallothionéines puissent entrer en compétition avec une métallochaperonne végétale. Cette compétition pour les métaux pourrait être à l’origine de l’altération du statut rédox, du retard de croissance ainsi que de la meilleure tolérance aux métaux lourds.