Résumé : Au niveau international, la conservation du patrimoine a fait l’objet de discussions philosophiques et pratiques considérables au cours des dernières années. La question du lien entre patrimoine et développement est abondamment évoquée, fait l’objet de convictions largement partagées mais les mécanismes qui entrent en action dans ce lien sont très mal identifiés. Etroitement intégrée aux questions environnementales, à l’aménagement rural et aux processus de régénération urbaine, la relation entre patrimoine et développement appartient tant à l’économique qu’au social et au politique. Notre recherche fait entrer les préoccupations patrimoniales dans le champ de la gouvernance locale et régionale elle s’intéresse à leur rôle dans les stratégies d’identité et dans la construction du capital social.

Où se situe le patrimoine dans les politiques de la cohésion européenne? Quels sont les objectifs de la politique de cohésion? Quelles sont les interactions entre développement, cohésion et patrimoine? Les politiques en faveur du patrimoine, actuellement appliquées, sont elles classiques? C’est-à-dire : sont-elles focalisées sur la protection et la restauration du patrimoine ; ou bien sont-elles plus complexe, en ce sens qu’elles impliquent la valorisation et l’insertion du patrimoine parmi les ressources d’un territoire, permettant à la fois d’y greffer des politiques d’emploi, des politiques commerciales et des politiques de cohésion sociale ? Actuellement quelles sont les limites d’une mise en œuvre performante? Au final, le patrimoine a-t-il vraiment la signification et la place qu’on veut lui attribuer? Outre ce qu’ils postulent en matière de développement, les textes produits par l’UE indiquent que le patrimoine et sa valorisation sont d’habitude considérés comme éléments qui contribuent positivement à l’amélioration de la qualité de vie. Mais quelles sont les définitions qui sont actuellement disponibles? Quels sont vraiment les rapports entre toutes ses notions et leur concrétisation sur le terrain? La thèse ambitionne de contribuer à une réponse à ses questions.

Les instruments fournis dans le cadre de la politique européenne, sont extrêmement nombreux et multiformes. Une analyse est tentée afin d’évaluer l’efficacité de divers instruments disponibles de la politique de cohésion, en termes de valorisation du patrimoine et de son intégration, dans un contexte de développement local et régional. L’analyse s’effectue au travers d’études de cas. Les études de cas proposées (deux études de cas dans deux pays européens différents, la ville de Nicosie à Chypre et la ville de Xanthi en Grèce) traitent de l’espace du sud-est méditerranéen de l’U.E. La Grèce et Chypre ont été choisis en tant qu’exemples tout à fait représentatifs d’un point de vue géographique mais également d’un point de vue Européen. (Grèce:U.E 3 et Chypre: UE 12)

Le cas de Xanthi, Grèce, est le plus développé. Notre étude le présente comme un résultat globalement positif du rôle des politiques et des programmes de l’ U.E. Les mécanismes locaux d’utilisation des opportunités offertes par les financements européens sont expliqués. On montre comment l’identification, la réhabilitation, la valorisation d’un patrimoine spécifique à la région et la polarisation des politiques de développement sur ce patrimoine ont entraîné d’importants changements dans le comportement de la population vis-à-vis de son territoire. Outre un réinvestissement massif des groupes sociaux moyens et supérieurs dans le cœur urbain, on a pu constater une forte croissance de toutes les activités tertiaires et l’émergence d’une vie locale extrêmement dynamique. Tant la démographie que le nombre d’emplois montrent une courbe ascendante. Si l’on ne peut pas faire abstraction de phénomènes qui se rapprochent de la gentrification, on doit admettre que l’évolution des prix des immeubles et du foncier, n’a pas eu des conséquences identiques à celles qui sont observées en Europe occidentale. On peut semble–t-il dans ce cas (proche d’autres cas voisins dans les petites villes grecques) parler d’amélioration de la qualité de la vie.