Résumé : | L’obésité pédiatrique est un phénomène en expansion croissante, amenant les professionnels de la santé à en parler en termes de phénomène pandémique. Mais au-delà de cette expansion croissante, c’est également l’augmentation de la sévérité de l’obésité chez l'enfant et l'adolescent qui apparaît inquiétante. Or, la présence des déterminants sociaux,énergétiques, génétiques ne suffisent pas toujours pour expliquer son développement et principalement quand il s’agit d’obésité sévère. Dans le cadre de l'obésité sévère, il y a lieu de dépasser les théories centrées sur la compréhension de l’agir alimentaire pour envisager les théories qui considèrent l’implication de l’ensemble du corps dans le développement de l’obésité et ce principalement lorsqu’on s’intéresse à l’adolescent. Les objectifs de cette étude visent, face à ces éléments, à établir, dans un premier temps, un profil démographique, médical, familial, psychologique et psychopathologique d’une population d’adolescents souffrant d'obésité sévère. Ces informations ont été recueillies à l’aide de questionnaires structurés et par observation de 164 adolescents satisfaisant aux critères de l’obésité sévère. Un diagnostic pédopsychatrique selon la CFTMEA R 2000 a été posé pour chaque sujet. Nos résultats ont souligné le déterminisme multiple de l’obésité de nos sujets mais également l’importance des comorbidités bio-psycho-sociales. Dans un second temps, à l’aide d’une analyse factorielle, nous avons mis en évidence qu’une plus grande sévérité de l’obésité s’associait à des facteurs d’environnement défavorisant(troubles mentaux dans la famille, carences, maltraitance) et à la présence d'un profil psychopathologique. De plus, ces mêmes modalités étaient associées avec une compliance familiale et individuelle moins importante. Dans une dernière partie, nous nous sommes centrés sur les liens qui unissaient ces différents éléments. Pour ce faire, nous avons aux travers d’analyse de cas et à l'aide d'un Rorschach, du Questionnaire de l'Image du Corps de Bruschon-Schweitzer, et d'un dessin de soi, évalué la présence de troubles de l’image du corps chez 10 de nos sujets et leur évolution durant la prise en charge en lien avec la perte de poids. Nos résultats ont mis en évidence la présence de troubles de l’image du corps avec une image de soi incertaine, indifférenciée aux limites diffuses. L’obésité s’inscrirait en tant que garant concret face à une image du corps peu unifiée. Ceci nous permet de considérer que l’obésité s’installe au travers à la fois d’un corps peu investi, peu mobilisable imposant la nécessaire édification de barrière (l’obésité) entre le « dedans fragilisé » et le dehors vécu comme dangereux. Nous pouvons dès lors considérer la difficulté des sujets de se résoudre à une perte de poids qui ne permettrait plus au sujet de recourir à ce type de fonctionnement. De ce fait, nous avons conclu qu'il s'agit dans la prise en charge de ces sujets de reconsidérer l’image du corps comme outil thérapeutique vecteur d’amélioration à court et à long terme. |