Résumé : Ce travail porte sur l'application et l'utilisation par Jean Duns Scot de la théorie de l'indifférence de l'essence, issue du péripatétisme arabe, et se donne pour enjeu d'en comprendre le fonctionnement conceptuel. Solution conjointe aux questions de la constitution ontologique des choses, des rapports entre le langage et la réalité et du mode d'appréhension des notions générales dans l'abstraction, la théorie de l'indifférence de l'essence sert de sous-bassement à la métaphysique de Duns Scot. C'est au moyen de cette théorie qu'il est possible, comme le montre cette recherche, de relire certains grands thèmes de la métaphysique scotiste: la théorie de la nature commune et de l'haeccéité, la connaissance abstractive (cognitio abstractiva), et la théorie de la non identité formelle. Le travail tente surtout de dégager le caractère proprement méthodologique de la théorie des trois états de l'essence (triplex status essentiae), répondant à la question du statut de l'essence indifférente, à celle des prédicats d'ordre supérieur et au problème de la séparation dans l'abstraction.