Résumé : Ce travail s’est intéressé aux liens existant entre la stratégie d’exploitation développée par un crustacé ectoparasite et son comportement reproductif. Le crabe Pinnotheridae Dissodactylus

primitivus exploite deux espèces Spatangidae vivant dans la Mer des Caraïbes, Meoma

ventricosa et Plagiobrissus grandis. Des approches comportementales, démographiques et

génétiques ont été adoptées afin de mettre en lumière le fonctionnement et la biologie de cette

symbiose. Par son comportement alimentaire, le crabe occasionne des lésions tégumentaires

sur ses hôtes. Celles-ci affectent la fitness de M. ventricosa, au travers de son développement

gonadique. Dissodactylus primitivus exploite ses deux espèces hôtes de façon asymétrique. La

reproduction des parasites se déroule sur les deux hôtes, alors que le recrutement ne s’effectue

que sur M. ventricosa. Ce cycle vital asymétrique du crabe serait stabilisé par la qualité et la

rareté de P. grandis. En outre, Le comportement sexuel du crabe sur M. ventricosa répondrait

aux critères de la polygynandrie à femelles mobiles. Selon ce modèle, les mâles et les

femelles se déplacent entre les hôtes à la recherche de partenaires multiples. Lors de ces

déplacements, le crabe s’aiderait de son aptitude à localiser chimiquement ses hôtes.

Néanmoins, ce mécanisme s’avère plastique et pourrait refléter l’asymétrie du cycle vital. En

effet, cette différence n’a pas d’origine génétique, car les crabes vivant au sein du site d’étude constituent la même population quelle que soit l’espèce hôte considérée. Les marqueurs

moléculaires microsatellites mis au point dans ce travail permettront lors de futurs travaux

d’affiner les observations sur les modalités d’accouplement du crabe et d’estimer sa capacité

de dispersion.

This work aimed to highlight the relationships between the host exploitation strategy of an

ectoparasite crustacean and its mating system. The pea crab Dissodactylus primitivus exploits

two Spatangidae species living in the Caribbean Sea, Meoma ventricosa and Plagiobrissus

grandis. Behavioural, demographic and genetic approaches have been conducted to examine

the functioning and biology of this symbiosis. Owing to its feeding behaviour, the crab

wounds the host tegument. The wounds negatively affect M. ventricosa's fitness through its

gonadic development. Dissodactylus primitivus asymmetrically exploits its two host species.

The reproduction of the parasites happens on each host, but the recruitment only takes place

on M. ventricosa. The asymmetrical life cycle would be stabilised par the quality and the

scarcity of P. grandis. The mating system of crabs living on M. ventricosa would correspond

to the Pure-search polygynandry of mobile females criteria. According to this model, the

males and the females practice the host switching behaviour to find several sexual partners.

During these movements, the crab could use its chemodetection ability to locate its hosts.

However, this mechanism is plastic and presumably reflects the asymmetrical life cycle of the

crab. This difference has indeed not a genetic cause because the crabs living inside the

investigated region belong to the same population, whatever the regarded host species. In

future studies, the microsatellites markers developed for this work could be used to test the

mating system of D. primitivus and to estimate its dispersion ability.