Président du jury Van Raemdonck, Dan
Promoteur Just, Vladimir ;Rubes, Jan
Publication Non publié, 2011-03-03
Résumé : | La thèse démontre l’impact du théâtre de Krejča sur l’évolution de l’art dramatique belge francophone. Elle scinde l’activité théâtrale de Krejča en Belgique en deux parties, chacune placée sous le sceau d’une réalité politique différente. La première correspond à un moment de détente dans le paysage politique tchécoslovaque et débute avant la création du Divadlo za branou. Assimilée à la seconde avant-garde théâtrale tchèque, elle inaugure aussi la série de succès internationaux de Krejča dans des pays non socialistes. La seconde période survient après la liquidation du Divadlo za branou par les autorités communistes tchécoslovaques et après le départ de Krejča en semi exil. Théâtralement, la Belgique francophone est alors en pleine émulation, qui s’observe notamment dans les propositions artistiques du « Jeune théâtre » (1976-1986). L’arrivée de Krejča, dans les années 1960, sur la scène du Théâtre National de Belgique s’inscrit dans la dynamique des échanges théâtraux européens et dans une volonté diplomatique de rapprochement entre la Tchécoslovaquie et la Belgique. La thèse insiste sur ces rencontres entre les artistes belges francophones et les artistes internationaux car elles jouent un rôle fondamental, auquel prend part Krejča, dans l’histoire du théâtre belge de langue française. Fort de sa réappropriation de la tradition théâtrale tchèque et des concepts de Stanislavskij, Krejča est l’un des premiers à apporter en Belgique francophone un regard dépassant la dimension représentationnelle de la première lecture du texte et à proposer une alternative au manque laissé par le retard de l’avant-garde théâtrale belge francophone. Sa poétique, principalement influencée par le théâtre atelier d’E.F. Burian, le théâtre poétique de Frejka, le civilisme d’Hilar, les théories préfigurant la sémiologie théâtrale initiée par l’école de Prague et par les développements du « Mchat », rencontre un accueil mitigé parmi les journalistes polygraphes mais ne manque pas d’impressionner certains animateurs de la scène théâtrale belge à l’instar de Janine Patrick ou de Marc Liebens. Aussi trouve-t-elle notamment un prolongement dans le Théâtre du Parvis. La thèse situe l’apport le plus évident de la poétique krejčaïenne en Belgique francophone dans le traitement dramaturgique, polyphonique et préfigurant le théâtre postdramatique, que le metteur en scène propose. A Louvain-la-Neuve, c’est à nouveau la puissance de la tradition tchèque et la conviction philosophique de Krejča qui impressionnent ses collaborateurs et se déclinent à travers les excroissances théâtrales francophones belges dont la plus manifeste est une expérience théâtrale, toujours en cours aujourd’hui : le théâtre de l’Éveil. La dissertation délimite d’abord les spécificités de la poétique théâtrale de Krejča, puis, après une analyse des mises en scène de Krejča, elle retrace et détaille les diverses formes sous lesquelles son esthétique se manifeste : transmission d’un héritage théâtral (avant-garde historique tchèque, sémiologie théâtrale développée par l’Ecole de Prague) et littéraire (mise à l’honneur de Schnitzler et de Nestroy), prolongement de la recherche théâtrale jusqu’à l’approche postdramatique (révélation de la dramaticité des pièces de Tchékhov, importation du théâtre musical), regards dramaturgique et philosophique, écriture dramatique (influence sur l’écriture d'auteurs dramatiques, Krejča-personnage dans des pièces d’acteur)… / The thesis focuses on Czech theatre from first avant-garde to second avant-garde; mainly it is focusing on Otomar Krejča’s theatre and its relationship with Belgian theatre within the second Czech avant-garde theatre to the end of the Normalization. Krejča worked an intensive part of his artistic life in Belgium. His Belgian theatrical activity can be divided into two distinct periods. The first one was coinciding with the foundation of his “Theatre Beyond the Gate” (Divadlo za branou) in Prague in 1965 and took place in the Belgian National Theatre in Brussels. Those years were squaring with Czechoslovakian destalinization and were particularly productive in the artistic field. In Brussels Krejča directed four plays: in 1965, Hamlet, in 1966, The Seagull, in 1970, Three Sisters, in 1978, Romeo and Juliet. The first three plays occurred before the Normalization and his departure in specific exile. The last one marked the beginning of his second period in Belgium, closely bound to Louvain-la-Neuve city. The two following Krejča’s productions were first created for the Festival d’Avignon: in 1978, Waiting for Godot and Lorenzaccio in 1979, before being performed at Atelier théâtral Jean Vilar in Louvain-La-Neuve. The three following plays were the last of Krejča’s Belgian works: Three Sisters in 1980, A. Schnitzler’s The Green Cockatoo in 1981 and Dostoevsky’s The Possessed adapted by Krejča himself in 1982. In Belgium, the reception of his plays was mitigated. Duality between critics can be explained by Krejča’s new regard on plays, by Krejča’s use of dramaturgy. Krejča’s productions in Belgium were innovating because through dramaturgy they paved the way for something new : it was the end of a romantic Hamlet in the Shakespearian tradition and the end of Pitoëff’s aesthetic in Chechov’s productions. Krejča’s work of art, impregnated by Czech tradition theatre of avant-garde, influenced his Belgian collaborators. Krejča was influenced by leaders in Czech first avant-garde theatre such as Burian, Frejka, theatrical theory of Honzl and Hilar’s theatre conception. When Krejča started to work in Belgium, the country was undergoing a theatrical revolution. At the end of the 1960s, French-speaking Belgium lived at the rhythm of its first avant-garde in staging. According to me, this fact is the main explanation to Krejča’s significance in French-speaking Belgium. Thanks to Krejča’s Belgian productions, a part of the first Czech theatrical avant-garde and the second Czech theatrical avant-garde penetrated in Belgium. All of Krejča’s concepts (human beings, ethic of responsibility, importance of dramaturgy, personal appropriation of Stanislavski’s approach) slowly instilled French-speaking Belgian theatrical life. Sure an evident mark of continuity of his aesthetic cannot be seen in the long time, nevertheless Krejča’s influence was considerable and briefly materialized in many fields. It is obviously still vivid in the way some actors play, feel and teach theatre. |