Résumé : This work is an essay on the reference of names in language and thought. According to the Theory of Direct Reference, nowadays dominant in philosophy of language, the semantic content of a proper name is directly its referent (Chapter 1).

Nevertheless, despite its current fame, this theory must face two major difficulties, familiar since Frege and Russell: the Co-Reference and the No-Reference Problems. The traditional response to these problems consisted precisely in abandoning Referentialism in favour of a version of Descriptivism according to which the semantic content of a proper name would be, not its referent, but a descriptive condition (Chapter 2).

However, it is also this traditional version of Descriptivism that the arguments offered by the pioneers of modern Referentialism—including Kripke, Putnam, and Kaplan—have largely discredited (Chapter 3).

The theoretical tools developed within the framework of possible worlds semantics enable to restate the problems generated by Referentialism in terms of the opacity of linguistic intensions and Modal Illusions (Chapter 4).

At this stage, our semantic theory of names seems to have reached a dead end: on the one hand, modern Referentialism recreates the problems which classical Descriptivism was meant to solve, but, on the other hand, this kind of Descriptivism appears to be refuted by the argumentation of new Referentialists. A common reaction, then, has been to devise more complex semantic theories purporting to combine Referentialism with crucial features from Descriptivism. However, a careful examination reveals that the various versions of this strategy fail (Chapter 5).

Another type of reaction, also ecumenical, has been to draw a distinction between two kinds of contents which would be associated with names and the sentences in which these occur: while the first kind of content would be descriptive, the second would be referential. The Two-Dimensionalist framework has received several interpretations (pragmatic, semantic, metasemantic); but a new construal, metasyntactic, is defended in this work (Chapter 6).

The metasyntactic interpretation of Two-Dimensionalism allows for a radical gap between language and thought: while the thoughts of their users can remain descriptive, names are supposed to achieve direct reference by themselves, and independently of the mental states of their users. Hence, names must be regarded as objects living in the external world, on a par with other ordinary objects like trees or chairs, and not as mental objects. An Externalist metaphysics of names is then submitted, as well as a corresponding epistemology, according to which external names are described in the mind through a description of their reference (Chapter 7).

The general strategy pursued in this work amounts to combining a Theory of Direct Reference in language with a Descriptivist (hence, Internalist) account of thought. Also, certain influential arguments — notably devised by Burge — intended to support Mental Referentialism (hence, Externalism) beyond Linguistic Referentialism, are rejected; it is moreover argued that a Non-Descriptivist conception of the mental is incapable of securing the introspective transparency of thoughts, which, however, seems indispensable, among other things in order to solve and even pose the Co-Reference and the No-Reference Problems (Chapter 8).

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Ce travail est un essai sur la référence des noms dans le langage et la pensée. Selon la Théorie de la Référence Directe, aujourd'hui dominante en philosophie du langage, le contenu sémantique d'un nom propre est directement son référent (Chapitre 1).

Or, malgré son succès récent, cette théorie Référentialiste se heurte à deux obstacles majeurs, reconnus depuis Frege et Russell : les Problèmes de la Co-référence et de la Non-Référence. La réponse traditionnelle à ces problèmes consistait précisément à abandonner la conception Référentialiste en faveur d'un Descriptivisme selon lequel le contenu sémantique d'un nom propre serait, non pas son référent, mais une condition descriptive (Chapitre 2).

Toutefois, c'est aussi ce Descriptivisme traditionnel que les arguments formulés par les hérauts du Référentialisme moderne—dont Kripke, Putnam, et Kaplan—ont largement discrédité (Chapitre 3).

Les outils théoriques développés dans le cadre de la sémantique des mondes possibles permettent de reformuler les problèmes générés par le Référentialisme en termes d'opacité des intensions linguistiques et d'Illusions Modales (Chapitre 4).

A ce stade, la théorie sémantique des noms semble dans une impasse : d'une part, le Référentialisme moderne recrée des problèmes que le Descriptivisme classique devait résoudre, mais d'autre part, ce Descriptivisme paraît bel et bien réfuté par l'argumentation des Référentialistes. Aussi, une réaction commune a été de chercher à concilier le Référentialisme et une forme de Descriptivisme au sein d'une même théorie sémantique. Cependant, un examen approfondi révèle que les différentes versions de cette stratégie échouent (Chapitre 5).

Une autre réaction, elle aussi œcuménique, a été d'opérér une distinction entre deux types de contenus qui seraient associés avec les noms et les phrases dans lesquels ceux-ci figurent : le premier contenu serait descriptif, tandis que le second serait référentiel. Le cadre offert par un tel Bi-Dimensionnalisme a reçu plusieurs interprétations très différentes (pragmatique, sémantique, métasémantique) ; mais c'est une nouvelle version, métasyntaxique, qui est défendue dans ce travail (Chapitre 6).

Le Bi-Dimensionalisme métasyntaxique autorise une séparation radicale entre langage et pensée : tandis que les pensées de leurs utilisateurs peuvent rester descriptives, les noms sont censés référer directement par eux-mêmes, indépendamment des états mentaux de leurs utilisateurs. Dès lors, les noms doivent être considérés comme des objets appartenant au monde extérieur, au même titre que des objets ordinaires tels que les arbres ou les chaises, et non comme des objets mentaux. Une métaphysique externaliste des noms est proposée, ainsi qu'une épistémologie assortie, selon laquelle les noms externes sont décrits dans l'esprit à travers une description de leur référence (Chapitre 7).

La stratégie générale qui est défendue dans ce travail revient à combiner une Théorie de la Référence Directe dans le langage avec une conception Descriptiviste (et donc, Internaliste) de la pensée. Aussi, certains arguments influents — émis par notamment Burge — censés établir un Référentialisme non seulement linguistique mais aussi mental (et donc, un Externalisme) sont rejetés ; il est en outre défendu qu'une vision Non-Descriptiviste du mental apparaît incapable de garantir la transparence introspective des pensées, cependant indispensable, notamment pour résoudre et même poser les Problèmes de Co-Référence et de Non-Référence (Chapitre 8).