Résumé : Cette étude a pour but d’analyser les pratiques d’enseignement de l’histoire dans les écoles secondaires de la République Démocratique du Congo (RDC) en rapport avec le nouveau programme d’application à partir de septembre 2005. En effet, le cours d’histoire qui constitue une matière stratégique et représente un enjeu important à l’école secondaire, a échoué, pendant plusieurs décennies (de 1962 à 2005), à l’essentiel de la mission qu’il est censé remplir à ce niveau de la scolarité en RDC. Ce constat d’échec, plus net et plus évident que pour toutes les autres matières, était surtout imputable au contenu des matières jugé européocentrique et inadapté, ainsi qu’aux manuels totalement dépassés sur tous les plans (conception, objectifs …). Les critiques à l’endroit de cette discipline touchaient également à la méthodologie car l’enseignement de l’histoire est, probablement, plus que toute autre discipline, susceptible de s’adapter constamment. Cette adaptation est requise pour le contenu de l’histoire scolaire ainsi que pour la façon de l’enseigner.

Mais, si le nouveau programme (de 2005) a «décolonisé» le contenu des matières, les pratiques de terrain semblent encore immuables ! Qu’est ce qui peut expliquer cet immobilisme ? Pour tenter de répondre à cette question, cette thèse procède par une double démarche, théorique et empirique. La démarche théorique qui fait l’objet de la première partie, brosse la littérature sur notre problématique, donne un aperçu de l’histoire de l’enseignement et de l’enseignement de l’histoire en RDC, aborde le savoir conceptuel de l’enseignant d’histoire et les pratiques d’enseignement et enfin, traite de la motivation des élèves ainsi que du matériel didactique. Quant à la deuxième partie consacrée à la démarche empirique, elle est centrée sur l’approche méthodologique de la recherche, l’analyse et l’interprétation des résultats quantitatifs et qualitatifs.

L’analyse des réponses aux questions administrées auprès de notre échantillon, composé d’une part de 64 enseignants et, d’autre part, de 600 élèves ainsi que l’analyse des observations de 10 classes d’histoire et des interviews avec les enseignants des classes visitées ont permis d’appréhender l’application du nouveau programme et les autres réalités de terrain.

En somme, les résultats de cette étude montrent que les enseignants dispensant le cours d’histoire en 5e et 6e secondaires, utilisent, presque tous, les modes transmissifs et ignorent la pédagogie active ou les modes actifs proposés par le nouveau programme d’histoire ; ce qui ne motive pas, sans doute, les élèves à ce cours. Autrement dit, malgré leur haute qualification, leur longue expérience dans l’enseignement et le changement de contenu, ces enseignants d’histoire ne pratiquent pas la pédagogie active ou les modes actifs. On semble être donc loin de la « décolonisation », tant souhaitée, des pratiques en classe d’histoire en RDC.

Au regard de ce qui précède, nous pensons que pour mieux enseigner l’histoire, les enseignants congolais devraient avoir d’autres ambitions qu’une simple transmission des connaissances (savoirs) destinées à être simplement enregistrées et restituées par les élèves lors des interrogations et examens. Le rôle fondamental du cours d’histoire étant d’informer et de former, le souci constant qui devrait animer les enseignants est de susciter et de renouveler l’intérêt des élèves, de les aider à construire leurs savoirs, pour qu’ils deviennent des vrais acteurs de la société de demain. Car, nous estimons que la reconstruction d’un pays, comme la RDC, passe aussi par la reconstitution et la sauvegarde de la mémoire collective et du patrimoine culturel, tâches qui relèvent du domaine de l’enseignement de l’histoire.