Résumé : A partir de 1919, Heidegger élabore plusieurs projets temporels grâce à une phénoménologie herméneutique caractérisée par la fonction méthodique de l’indication formelle, dont la dernière communication date de 1930. Dans ces projets, on trouve à plusieurs reprises la notion de répétition. Plusieurs commentateurs considèrent Kierkegaard comme source de la répétition heideggérienne tandis que d’autres se réfèrent à Nietzsche. Heidegger emploie le terme Wiederholung, Kierkegaard la notion Gjentagelse, et Nietzsche les notions Wiederkehr, Wiederkunft et Wiederholung. L’expression précise « répétition du possible » se trouve dans certaines œuvres des trois penseurs, et s’insère dans des projets temporels différents. La possibilité, en dehors de sa signification modale, décrit depuis Aristote un caractère de l’étant, en corrélation avec le phénomène fondamental qu’est le mouvement. Tant Kierkegaard que Nietzsche, et par la suite Heidegger, ont abordé la question de la mobilité comme thème fondamental dans leurs recherches, pour promouvoir la possibilité en tant que possibilité. Chez les trois penseurs, répétition n’est pas itération, ni retour de la même facticité empirique, mais répétition de la possibilité. Par l’expression « répétition du possible », il s’agit de décrire un mouvement temporel, accordant un sens spécifique au passé, et même à l’histoire. Ce mouvement temporel non objectivable, précède nécessairement le temps uniforme linéaire qui a déterminé la conception classique du temps depuis Aristote. Nécessairement mien, et à la fois continu et discontinu, ce mouvement qui, par son essence ne se manifeste que rarement, tient ensemble passé et futur autour de l’instant privilégié. L’instant, lié à la possibilité d’une décision qui ne se réfère pas à l’attente devant la réalisation des possibilités quotidiennes, a pour enjeu l’entièreté de la vie, visant la transformation de la vie et la constitution de l’homme. De cette manière dans différents projets chez les trois penseurs, la répétition et l’instant font entrer en jeu la question de la liberté. La conceptualité, ce qui revient à dire, la méthode de cette pensée temporelle, s’avèrent tellement importante, de sorte que cette pensée devient accessible grâce à une communication « indirecte » qui demande une contribution essentielle du lecteur. Le travail envisage l’affinité des trois penseurs tant à travers le caractère indirect de la communication de la temporalité que la tâche d’assumer le passé.