Résumé : Kinshasa connaît de nombreuses manifestations de l’érosion ravinante depuis quelques décennies. L’office de drainage et de voirie en estime environ 400 en 2009 et 500 en 2010. L’érosion ravinante est un processus géodynamique qui agit en faveur de la gravité. Or, elle ne se manifeste pas partout en milieu urbain, même au sein des quartiers construits sur de fortes pentes ; ce qui suggère qu’il y aurait des dimensions humaines inscrites dans l’espace qui l’accélèrent ou la freinent.

En s’appuyant sur l’approche cartographique des données issues de la télédétection, des documents cartographiques anciens et ceux de la cartographie participative, des interviews, des enquêtes socio-économiques et des relevés (D)GPS (écoles, centres de santé et tracé des collecteurs, ravins, etc.), l’étude a montré que l’érosion ravinante est apparue avec la croissance urbaine sur des zones de fortes pentes. Ces dernières sont habitées par des populations nombreuses et de statut socio-économique modeste. Elles ont modifié les conditions du milieu en mettant le sol à nu, en concentrant les eaux de ruissellement, en construisant sans tenir compte de la morphologie du terrain. De cette manière, elles ont influencé les facteurs déclencheurs de l’érosion ravinante. Celle-ci provoque des conséquences importantes sur les infrastructures, des hommes et leurs activités et très variées selon les quartiers.

L’absence de politiques de prévention de l’érosion ravinante dans les différents plans d’aménagement de la ville serait à la base de ce phénomène (dévastateur). Les politiques des interventions publiques pour la stopper privilégient les fonctions importantes de la ville et les quartiers concentrant les populations de haut standing. Les quartiers spontanés pauvres récupérés par les ONG et/ou institutions internationales sont ceux par où passent certaines infrastructures importantes (ligne haute tension de la SNEL) ou ceux qui ont été choisis pour des raisons propres aux ONG et/ou institutions internationales. Les quartiers spontanés abandonnés par les pouvoirs publics et les ONG internationales sont les champs d’action des hommes politiques, des « riches » dont l’habitation est menacée et des missions religieuses et aussi des populations locales.

Les chefs des quartiers ont joué un grand rôle dans la sensibilisation et la communautarisation de la pratique du puits d’infiltration sur tout le versant afin que chaque ménage retienne dans sa parcelle une grande quantité des eaux des pluies. Ceci a contribué à la compréhension des causes humaines de l’érosion et à ne pas la considérer comme une fatalité.