Thèse de doctorat
Résumé : Ce travail est consacré au Tribunal Pénal International pour le Rwanda (TPIR), une juridiction ad hoc créée par le Conseil de sécurité de l’ONU le 8 novembre 1994.

Le fil conducteur de la thèse interroge la manière dont le Tribunal produit des archives. Comment une institution en devenir, produit-elle ses sources ? Cette interrogation entraîne deux questionnements : D’une part, comment analyser le devenir ou la constitution d’un Tribunal ? D’autre part, quelles sont, précisément, ces sources ?

Ces deux axes correspondent à la structuration de ce travail.

Dans la première partie, nous avons voulu mettre en exergue les débats et acteurs qui ont accompagné la création du Tribunal. En croisant les sources issues des archives des procès, des États, des organisations internationales ou des ONG, ainsi que par des entretiens, elle propose une entrée en matière concrète de l’histoire du Tribunal. Pourquoi crée-t-on ce Tribunal ? Quels sont les débats qui l’accompagnent ? Quels en sont les acteurs ? Ce retour sur les débats qui ont modelé le TPIR a permis de mettre en lumière un balisage du terrain judiciaire impliquant une grande diversité d’acteurs et de facteurs.

La deuxième partie, « Le procès Akayesu », propose une étude micro-historique du premier procès, débuté en janvier 1997 et clôturé en septembre 1998. Comment le procès a-t-il fonctionné au jour-le-jour ? Qui en sont les acteurs ? Comment s’est opérée la lecture judiciaire des faits qui se sont déroulés dans la commune de Taba, dont le bourgmestre, Jean-Paul Akayesu, était jugé ? Nous proposons dans cette deuxième partie un travail de contextualisation des sources issues du procès en interrogeant le dispositif et le formatage judiciaires qui sont à l’œuvre à tous les stades de la procédure. Par une approche fondée sur les archives judiciaires du procès, l’objectif est de mettre en lumière les différentes narrations et les dynamiques du procès. Si notre démarche a pris comme point focal ce premier procès, nous tentons constamment de le replacer dans un contexte élargi. Ce travail a voulu amorcer une ouverture vers l’étude d’autres procès, en mettant en exergue les ramifications de ce procès avec d’autres affaires. À travers cette contextualisation, nous avons également souhaité interroger, en historienne, la manière dont on peut se servir de ces sources. Nous avons en effet voulu aller au-delà de la critique des sources, afin de mettre en œuvre un essai d’histoire au plus près du terrain et portant sur la commune et la région concernées dans le procès.