Résumé : Le contexte et le processus de fondation de la monarchie sacrée du Burundi demeurent mal connus malgré plusieurs études qui ont été déjà effectuées sur ce sujet. Le problème se situe au niveau des sources qui ont été utilisées pour étudier l’histoire lointaine de ce pays. Des sources qui sont fondamentalement légendaires, mythiques et symboliques et contiennent peu de données historiques ont été utilisées comme sources historiques et l’on a abouti à une histoire-légende et mythique. Bien que ces sources ne permettent pas de reconstituer le passé historique lointain de cette ancienne monarchie et de connaître son processus de formation sans être complétées par d’autres disciplines auxiliaires à l’histoire et confrontées à ces dernières, elles sont incontournables pour la connaissance de la mémoire, de la mentalité et de la vision générale de la vie et du monde des Barundi hier et aujourd’hui. Elles constituent une sorte de miroir et de véhicule de la pensée des anciens Barundi et montrent comment ces derniers pensaient, organisaient et vivaient le monde sur presque tous les points de vue. Leur approfondissement a permis de comprendre la mentalité populaire, l’idéologie politique de la monarchie sacrée, ses fondements socioculturels et son organisation. Le discours sur les origines du Burundi montre également la nature et le type des institutions politiques, culturelles et sociales et leur hiérarchie. Son approfondissement ainsi que celui des données diversifiées que nous avons utilisées dans cette thèse sur le plan historique, ethnographique et linguistique ont également permis de trouver que la monarchie sacrée du Burundi était une théocratie. Sur le plan général, le religieux précède, crée le politique et le supplante. La religion donne sens à la vie, de la naissance à la mort et après celle-ci. Sur le plan social, la population burundaise était subdivisée dans sa grande majorité en quatre grandes composantes sociales : les Baganwa dont la mission était l’exercice du pouvoir politique et administratif et les groupes des Bahutu, des Batutsi et des Batwa qui étaient constitués selon des critères socioéconomiques. Sur le plan familial, les Barundi étaient et sont encore subdivisés en plusieurs groupes familiaux dont les membres sont différemment répartis dans les trois catégories sociales selon leur capacité économique. Le mode de formation, d’évolution, de rejet, d’adoption de ces groupes familiaux et leur organisation montre en quoi ces derniers étaient les piliers et les supports de la vie sociale. Il montre également à quel point l’organisation des groupes familiaux est un élément essentiel pour la connaissance de l’évolution de l’histoire sociale, politique et culturelle du Burundi.