Résumé : Suite à l’avènement du Web 2.0, le rôle de l’internaute s’est vu modifier, passant de consommateur passif à acteur à part entière. De nouvelles fonctionnalités ont vu le jour augmentant considérablement les possibilités d’interaction avec le système. Parmi celles-ci, le collaborative tagging permet à l’utilisateur de décrire l’information en ligne par l’attribution de mots-clés (ou tags), la particularité étant que ces tags ne sont pas uniquement accessibles aux tagueurs eux-mêmes mais à l’ensemble des internautes. L’octroi de tags à une ressource lui offre donc de multiples chemins d’accès exploitables par la communauté internet tout entière. Régulièrement comparé à l’indexation « professionnelle », le collaborative tagging soulève une question essentielle : cette nouvelle pratique contribue-t-elle favorablement à la description et, par extension, à la recherche d’informations sur internet ?

Tous les types d’informations ne pouvant être étudiés, la présente dissertation se focalise sur l’information médicale scientifique utilisée par les médecins dans le cadre de leur pratique professionnelle. Elle propose, dans un premier temps, de mesurer le potentiel des tags assignés dans deux systèmes de collaborative tagging (Delicious et CiteULike) à décrire l’information en les comparant à des descripteurs attribués par des professionnels de l’information pour un même échantillon de ressources. La comparaison a mis en lumière l’exploitabilité des tags en termes de dispositifs de recherche d’informations mais a néanmoins révélé des faiblesses indéniables par rapport à une indexation réalisée par des professionnels à l’aide d’un langage contrôlé.

Dans un second temps, la dissertation s’est intéressée aux utilisateurs finaux en quête d’informations, c’est-à-dire les médecins, afin de déterminer dans quelle mesure un système de collaborative tagging (CiteULike) peut assister ces derniers lors de leur recherche d’informations scientifiques. Pour ce faire, des entretiens individuels combinant interview semi-structurée et expérimentation ont été organisés avec une vingtaine de médecins. Ils ont fourni des indications riches et variées quant à leur adoption effective ou potentielle d’un système de collaborative tagging dans le cadre de leurs pratiques informationnelles courantes.

Enfin, cette dissertation se propose d’aller au-delà de l’étude des tags et du phénomène de collaborative tagging dans son ensemble. Elle s’intéresse également aux compétences informationnelles des médecins observés en vue d’alimenter la réflexion sur les formations qui leur sont dispensées tout au long de leurs études mais également durant leur parcours professionnel.