Résumé : Qu’implique concrètement le fait de s’engager dans une fiction ? La question que pose cette thèse

est celle des efforts, des activités ou des « travaux » que doit effectuer le joueur de jeux de rôles

grandeur nature quand il veut s’immerger dans un univers fictionnel. Cette activité ludique demande

l’adoption d’une posture d’engagement dont le trait principal est qu’elle fonctionne sur un mode

collaboratif. Sollicitant les cadres théoriques d’Howard Becker (approche par mondes et division du

travail créatif), de Jean-Marie Schaeffer (dispositifs d’immersion fictionnelle), de Laurent Thévenot et

de Nicolas Auray (régimes d’engagement), j’examine trois de ces efforts, essentiellement grâce à une

ethnographie poussée. Le premier effort consiste à accéder à l’univers en créant un personnage actif

et autonome ; le second revient à interagir au sein du monde fictionnel dans un double mouvement

qui consiste à repousser ses cadres tout en les renforçant ; le troisième implique d’imaginer des

modes d’organisation pour donner un cadre à l’action.