Résumé : Cette enquête archéologique et historique vise à mettre en relief les rapports entre matériaux et immeubles au travers de l’histoire du bâti ancien bruxellois.

Des trois matériaux qui marquent le bâti bruxellois, deux seront étudiés : le bois et la céramique architecturale. Un troisième volet sera consacré à l’étude des remplois, recyclages et remaniements. Dans le temps imparti à ce travail, compte tenu des impératifs méthodologiques, des contraintes factuelles, il n’était pas possible de traiter de manière approfondie et novatrice des trois types de matériau. La pierre domine symboliquement (mais certainement pas quantitativement) le paysage bruxellois : son emploi caractérise en effet la production architecturale des grands ensembles monumentaux tels que l’Aula Magna, l’hôtel de Ville de Bruxelles ou encore la collégiale Saints-Michel-et-Gudule, pour ne citer que ces exemples. D’une manière générale pour l’ancien duché de Brabant, dans sa partie couvrant l’espace belge actuel, c’est le matériau le mieux étudié dans ses aspects divers (extraction, façonnage des blocs, mise en œuvre…). La pierre sera abordée indirectement, lorsque son emploi a des implications directes dans la mise en œuvre des matériaux étudiés. Une approche de l’ensemble des matériaux lithiques ainsi qu’une réflexion sur certaines mises en œuvre et le développement de futures pistes de recherche seront en outre proposées en conclusion.

Le choix s’est porté sur le bois et la brique, car leur emploi est, de manière générale, moins bien apprécié et moins connu en région bruxelloise par rapport à la pierre. Il fallait en fonder solidement l’étude. L’objectif est donc de pallier à cette lacune en proposant une lecture nouvelle de l’habitat selon des champs d’investigations spécifiques à l’histoire de la construction. La construction de typochronologies pour les planchers, les revêtements de sol, et la brique a pour but d’apporter aux archéologues des marqueurs chronologiques fiables pour l’interprétation et la construction de l’évolution des structures rencontrées. Mais pas seulement. La mise en place de ces typochronologies va de pair avec l’élaboration d’une réflexion sur l’ensemble des chaînes opératoires de la fabrication ou du façonnage des matériaux. Cette production n’est pas uniquement matérielle mais répond à des critères environnementaux, économiques, techniques et sociétaux. Il s’agit donc de comprendre ou d’ouvrir des pistes de réflexion pour appréhender les mécanismes qui ont permis aux bâtisseurs d’utiliser à Bruxelles une large gamme de matériaux et qui par ce biais a façonné le visage urbain bruxellois. L’apport de cette recherche, bien que se focalisant pour l’essentiel sur Bruxelles, a pour objectif de renouveler l’approche des matériaux de construction en apportant une base de références solides dans leur étude pour Bruxelles mais également pour les autres villes et de dépasser ainsi les méthodes traditionnelles d’histoire des formes pour développer une relation dialectique entre matériau, forme, usage et caractérisation sociale de la ville, de son habitat et de ses populations.