Résumé : La proposition centrale de cette thèse est double. D’une part, il s’agit de jeter les bases d’un modèle historique qui réunirait tous les dispositifs audiovisuels qui associent des images animées à une chanson populaire qui leur est préexistante sous un même paradigme culturel que nous baptiserons « phono-cinématographie ». Celui-ci aurait débuté vers la fin du XIXe siècle, avec l’invention du kinétoscope d’Edison, pour aboutir à nos jours avec l’émergence des vidéos musicales interactives sur Internet. D’autre part, il s’agit de nous interroger sur le rôle a priori central que les Beatles occupent au sein de cette histoire de la chanson populaire mise en image. Notre hypothèse principale est que le vidéoclip, tel qu’il s’est institutionnalisé au début des années 1980 pour ensuite se perpétuer jusque dans les années 2000, n’a rien d’une pratique culturelle (voir même d’un média) figé(e) : bien au contraire, cette pratique/ce média a été l’objet de réélaborations continues tant sur le plan de la production, de la diffusion que de la fonction.

Notre approche se situe à cheval sur l’histoire du cinéma, de la musique populaire et de la télévision. En nous appuyant sur certaines propositions théoriques et certains concepts formulés dans le champ des études cinématographiques ainsi que dans le champ des performance studies, nous serons particulièrement attentif aux questions de représentation qui se déploient dans ces différents dispositifs phono-cinématographiques : à savoir, les premiers films chantants (les phono-scènes Gaumont et les Vitaphone shorts), les juke-boxes équipés d’un écran (les Soundies et les Scopitones) et enfin les vidéos musicales télévisées (les films promotionnels et les vidéoclips).