Résumé : L’objectif principal de ma thèse était de réaliser l’édition de papyrus issus des archives dites d’Hèrôninos. Ce personnage était intendant d’une unité de production agricole rattachée au village de Théadelphie, dans le Fayoum, au IIIe s. de notre ère. Il travaillait pour le compte d’un aristocrate alexandrin du nom d’Appianos, qui possédait diverses terres un peu partout en Égypte. Hèrôninos devait régulièrement informer son patron de la gestion de son unité et tenir à jour ses comptes avec minutie. Le hasard a voulu que l’on retrouve sa correspondance et son importante comptabilité ; les différentes pièces des archives ont été réparties entre plusieurs collections dans le monde.

Dans ma dissertation doctorale, j'ai proposé l’édition, la traduction et le commentaire de 97 textes, lettres et comptes inédits qui proviennent des collections de Prague, de Londres et de Florence. Ces documents confirment bien souvent ce que l’on savait de l’organisation du domaine géré par Hèrôninos ; ils apportent néanmoins de nombreuses informations sur la topographie et la toponymie du domaine ainsi que sur la prosopographie des ouvriers. Je ne me suis cependant pas limité à l’édition d’inédits : j’ai en effet entrepris, chaque fois que j'ai pu avoir accès au matériel, une révision systématique des documents déjà publiés. Au total, les révisions de textes publiés par les chercheurs qui m’ont précédé ont abouti à des résultats parfois surprenants et spectaculaires : dans certains cas, il a fallu revoir complètement l’interprétation des documents.

À côté du travail éditorial à proprement parler, j’ai réalisé un travail « d’archéologie muséale », c’est-à-dire que j’ai tenté de retracer l’histoire de la dispersion des pièces des archives à travers le monde et essayé de comprendre par quels canaux les documents sont arrivés en Europe, en Amérique ou dans des collections égyptiennes. Cette question restait encore largement inexplorée. Je pense avoir fait avancer notre connaissance en la matière. J’ai montré que la majorité des achats ont été réalisés au tout début du XXe siècle auprès de deux marchands d’antiquités égyptiens : ʿAlī al-ʿArabī et Faraǧ ʿAlī. J’ai en outre consacré une large partie de ma thèse à des questions de diplomatique, aspect largement négligé jusqu'à présent. On ne peut plus, comme on l’a trop souvent fait dans le passé, éditer un document sans étudier ses aspects matériels. Les papyrus des archives d’Hèrôninos n’échappent pas à ce constat : ils présentent une mise en page particulière et sont rédigés selon des codes bien précis qu’il convenait de mettre en évidence.

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