Résumé : Ma thèse de doctorat explore les tournées de ballet des « six grandes » compagnies mondiales pendant la Guerre froide (1945-1968) : ballet de l’Opéra de Paris, Royal Ballet de Covent Garden, Bolchoï et Kirov, New York City Ballet et American Ballet. Elle envisage le ballet comme un outil de diplomatie culturelle transnationale, avec un focus particulier sur les acteurs, qu’ils soient institutionnels, artistiques ou commerciaux. Outre un aspect quantitatif qui nous a amené à cartographier les tournées, il s’agit d’une histoire incarnée par des femmes et des hommes − les danseurs − dont le métier est de tourner sur les scènes internationales, encadrés par des administrateurs et des gouvernements, qui n’ont pas les mêmes priorités et agendas les uns et les autres.

Cette recherche met justement en avant les tensions, les difficultés et les dynamiques entre les différents acteurs. La thèse se construit autour de tournées représentatives du lien ténu entre danse et politique, des épisodes qui mettent en valeur les points chauds de cette Guerre froide, ayant comme point de départ ou d’arrivée Londres et Paris.

La description de la danse comme un langage, une pratique physique et un métier permet de comprendre en quoi la danse peut être un outil de communication politique et comment il a été utilisé comme tel dans la longue durée et en particulier pendant la guerre froide. Les différentes échelles – le passage régulier de la macro-histoire à la micro-histoire et inversement ainsi que les flux d’échanges culturels multiples à l’échelle internationale – ont permis de mettre en avant une multiplicité d'acteurs (artistiques, gouvernementaux, commerciaux). La constitution du mythe de la danseuse étoile, et ses représentations, résonne également avec d’autres figures mythiques construites dans la Guerre froide, comme celle de l’astronaute.