par Facker, Julie
Référence Parcourir, cartographier, habiter: les lieux en littérature (22-23 janvier 2015: Université de Montréal)
Publication Non publié, 2015-01-22
Communication à un colloque
Résumé : La littérature belge, en tant que littérature périphérique, a dû élaborer des stratégies de différenciation par rapport à l’ensemble littéraire français pour assurer son émergence. Le « mythe nordique » est à ce titre régulièrement convoqué dans les années 1880-1920 : les textes valorisent la tradition picturale flamande, ils figent le caractère du Belge-type, ils font usage d’une langue française teintée de régionalismes. Certains lieux – en particulier des monuments historiques de style gothique – sont également privilégiés pour promouvoir cet « exotisme » de la littérature belge .Notre communication propose d’étudier les récits de cette veine dont l’intrigue se situe spécifiquement à Bruxelles et qui particularisent par conséquent leurs espaces narratifs. Les « romans de mœurs bruxellois » notamment, qui relèvent d’une esthétique régionaliste urbaine, traitent, en plus des lieux patrimoniaux, d’éléments modernes du paysage urbain. Parmi eux, les débits de boissons – de type cabarets, estaminets, bistrots – ainsi que les pratiques qui s’y rattachent (jeux, conversations, ivresse). Nous étudierons comment ces établissements, associés aux notions de « pittoresque », d’« authentique » et de « zwanze » et par ailleurs souvent opposés au café de type parisien, prennent part à la construction d’une identité bruxelloise dans la littérature. Nous verrons par ailleurs que la convocation de ces lieux permet aux écrivains d’affirmer leur protestation à l’égard des grands travaux de modernisation entrepris à Bruxelles à l’époque.