Article révisé par les pairs
Résumé : Dans l’imaginaire collectif comme dans l’historiographie, la figure de Charles le Hardi reste associée à la violence des sacs de Dinant (1466) et de Liège (1468), à la mise à feu et à sang de la Normandie (1472) et à l’exécution des garnisons de Nesle (1472) et de Grandson (1476), évènements souvent considérés comme l’expression par excellence de la cruauté du duc de Bourgogne. Pourtant, au-delà des impératifs politiques et stratégiques, les coutumes médiévales de la guerre révèlent l’éthique d’un prince appliquant le droit à la lettre. Soucieux de laver l’affront que lui faisaient des places résistant déraisonnablement à sa personne et à son armée, le prince présidait non seulement à des actes de justice rendue par ses soldats, mais encore à des actes de propagande rendant manifeste sa majesté et sa puissance militaire aux yeux des contemporains. Un temps efficace, cette propagande fut contrée avec succès pendant les guerres de Bourgogne : largement diffusée par(mi) ses adversaires suisses, une version tronquée des faits représenta alors un duc injuste et cruel, et exhorta ses ennemis à la résistance.