par Ferry, Victor ;Zagarella, Roberta
Référence Rivista italiana di filosofia del linguaggio, 9, 3
Publication Publié, 2015-06
Référence Rivista italiana di filosofia del linguaggio, 9, 3
Publication Publié, 2015-06
Article révisé par les pairs
Résumé : | Cet article a l’ambition de naturaliser le sentiment de concorde des discours épidictiques. Nous partons de la réflexion d’Aristote sur la synaisthesis (le « co-sentir »), capacité naturelle de partage des émotions qui serait à la base de la sociabilité humaine. Nous discutons ce concept à l’aune de la réflexion contemporaine sur les neurones miroirs et sur le mécanisme de la sympathie. L’enjeu est de définir la nature du rapport entre cette faculté naturelle de sentir en commun et une fonction rhétorique : le maintien de la concorde par les discours d’éloge et de blâme. Nous proposons d’aborder la rhétorique épidictique comme un outil pour techniciser le rapport entre sentir en commun et sympathie. Un enjeu considérable, pour tout pouvoir politique, est en effet de s’assurer que le cercle de solidarité des sujets corresponde aux contours de la communauté politique administrée. Par leur répétition, à intervalles réguliers, les discours épidictiques visent à maintenir un consensus sur les individus louables et blâmables. Au premier abord, il serait donc séduisant de penser que le discours épidictique aura pour effet d’amplifier notre capacité à sentir en commun. L’histoire pourrait cependant être plus complexe. Dès notre plus jeune âge, il semble en effet que nous soyons autant enclins à sentir en commun les actions, les sensations et les émotions des uns qu’à nous montrer hermétiques à celles des autres. La question se pose alors de savoir si ce n’est pas justement cette tendance spontanée, à la discrimination dans l’usage de notre capacité à sentir en commun, qui est amplifiée par les discours d’éloge et de blâme. |