par Mondo, Emilie
Référence Politique et Religion : sociologie, anthropologie, histoire (13-16/05/2014: Rome)
Publication Non publié, 2014-05-14
Communication à un colloque
Résumé : L’intensification des débats définis en termes de valeurs au sein de l’Union européenne ainsi que la montée en puissance des flux transatlantiques (i.e. des phénomènes de mimétisme et d’échange d’idées et de pratiques) nous amènent à considérer la morality politics de l’UE au regard du cadre théorique américain des guerres culturelles. En particulier, les enjeux bioéthiques de l’avortement, de l’euthanasie et de la recherche sur les cellules souches embryonnaires s’imposent à l’agenda européen depuis le début des années 1990, bien que l’Union ne soit pas directement compétente en la matière.Ces questions sont particulièrement clivantes : elles ne se posent plus uniquement en termes techniques, mais aussi éthiques. Il s’agit dès lors d’interroger le rôle des valeurs religieuses et non confessionnelles dans la gouvernance européenne. Autrement dit, l’objectif est d’entamer une réflexion sur la nature de l’UE en tant que communauté politique, face à l’enjeu de la hiérarchisation des références morales et religieuses initié par ces thématiques.En vue de mieux saisir la variable centrale qu’est celle des valeurs, nous avons choisi d’utiliser le cadre théorique des guerres culturelles. Issu des Etats-Unis, il présente deux acceptions : soit il traduit une opposition irréductible entre deux camps définis par un clivage établi en termes religieux (ou polarisation avérée et irréductible entre deux camps formés et fermés), soit il consiste en un style politique et un répertoire d’actions visant à la dramatisation et à la sacralisation d’une cause en vue d’obtenir une reconnaissance politique et médiatique.En élargissant l’étude du policy au politics, ce modèle américain offre une boîte à outils pertinente dans l’analyse des conflits symboliques. De plus, il constitue une variable de contrôle permettant de tester la spécificité de l’Union européenne et d’analyser l’ordre politique européen en tant que système supposément exceptionnel. Il présente ainsi une valeur heuristique non négligeable dans l’étude du mode de gestion des valeurs par la gouvernance européenne.En conclusion, il s’agit de déterminer s’il y a, ou non, reproduction de guerres culturelles à l’échelle européenne à travers l’étude des dynamiques de conflictualisation engendrées à ce niveau par la bioéthique. Il s’agit également d’étudier comment des morality issues ponctuelles deviennent le symbole d’un enjeu plus large : celui de la définition des valeurs, de l’identité et de la culture publiques.