par Houlstan-Hasaerts, Rafaella ;Laki, Giulietta
Référence Rencontres à la croisée de l'architecture et des sciences humaines (26/27-05-2014: Bruxelles, Faculté d'architecture de l'ULB)
Publication Non publié, 2014-05-27
Communication à un colloque
Résumé : Pour le sens commun, les plans, les coupes, les maquettes, les modèles 3D – que nous regrouperons ici sous le nom d’« objets planologiques » - sont des outils de conception, de planification ou de représentation propres à la discipline architecturale et urbanistique. On prend d’ailleurs pour acquis qu’il s’agit d’« instruments » qui permettent aux architectes et aux urbanistes d’exercer leur pratique et que leur manipulation est une affaire de « spécialistes », qui nécessite une forte dose de savoirs « techniques ».Pour cet article, nous avons tenté de mettre à l’épreuve cette interprétation du sens commun en nous intéressant à différentes pratiques où sont engagés ces objets, des plus évidentes aux plus périphériques: la conception architecturale, la planification urbaine, mais aussi l’enseignement du projet, la participation citoyenne, l’activisme urbain, le déplacement en ville,... La méthode adoptée a été majoritairement celle de l’observation in vivo de diverses situations où ces objets étaient manipulés – une réunion entre des architectes et des ingénieurs en stabilité ; des jurys au sein de trois ateliers d’architecture ; une commission de quartier concernant le réaménagement du parc Marconi ; une réunion d’information organisée par des comités de quartier où se discutait le projet de réaménagement de la place Saint-Lambert, une commission de concertation qui portait sur la même place et un déplacement dans un centre commercial. Ces observations ont été complétées par des entretiens avec différentes personnes qui manipulent ces objets – « experts » avérés autant que supposés « profanes » - et par d’autres cas qui nous occupent dans nos thèses respectives. L’accumulation de ces observations et de ces données ne visait en aucun cas l’exhaustivité. Elle avait plutôt pour but de jeter les bases d’une jurisprudence ethnographique4, une combinatoire de cas possibles à travers lesquels nous avons circulé, au gré des questions qui nous semblaient pertinentes pour l’analyse : quelle définition pragmatique donner aux objets planologiques, à partir des différentes manières dont ils sont engagés dans l’action ? De quelles manières engagent-ils ceux qui les emploient ? Quelles sont les compétences nécessaires à leur manipulation ? Que se passe-t-il lorsque les objets planologiques quittent le milieu architectural ou urbanistique au sens strict et se retrouvent au sein de publics plus larges ? Que nous apprennent ces déplacements sur la question de l’expertise ?Nous tenterons de rendre compte de ce cheminement empirique et analytique à travers une fiction narrative qui commence dans le milieu supposé « naturel » des objets planologiques – le « biotope » du bureau, et le « terrarium » du dispositif pédagogique de l’atelier – pour continuer à les suivre quand ils se déplacent dans des contrées a priori plus hostiles : des territoires où les architectes et les urbanistes sont loin d’être seuls, voire complètement absents.