par Dupraz, Emmanuel
Référence Bulletin de la société de linguistique de Paris, 103, 1, page (151-180)
Publication Publié, 2008
Article révisé par les pairs
Résumé : Les langues sabelliques de l’Italie ancienne sont des langues d’attestation fragmentaire, qui présentent toutefois des corpus suffisamment longs et suffisamment divers pour qu’une étude des démonstratifs dans ces langues soit possible. Ces trois langues, l’ombrien, le sud-picénien et l’osque, présentent cinq grammèmes démonstratifs, *ekso-, *esto-/*esmo-, *ollo-, *oro- et *i-/*eo-/*eso-. A en juger par les données de l’ombrien, la mieux documentée des trois, mais aussi par les données moins riches de l’osque et du sud-picénien, il existe une distinction nette entre emplois exophoriques et emplois anaphoriques : les deux premiers grammèmes ont des emplois exophoriques et pas d’emplois anaphoriques, les deux derniers ont des emplois anaphoriques et pas d’emplois exophoriques. Les emplois déictiques discursifs, qui sont des emplois endophoriques pour pointer vers l’ensemble d’une proposition ou de plusieurs propositions, sont distribués entre les grammèmes exophoriques et les grammèmes anaphoriques. Le grammème *ollo- ne s’intègre pas dans cette opposition pragmatique entre exophoriques et anaphoriques. Il renvoie en effet à une opposition sémantique : les autres grammèmes peuvent être interprétés comme proximaux, alors qu’*ollo- est nettement marqué comme distal, et susceptible apparemment d’emplois exophoriques aussi bien qu’anaphoriques, à condition qu’un sémantisme distal doive être indiqué.