par Hellemans, Catherine ;Vorfi, Jola;Dal Cason, Davide ;Casini, Annalisa
Référence XVIIIème Congrès de l'Association Internationale de Psychologie du Travail de Langue Française (AIPTLF) (XVIIIème: 26-29/08/2014: Florence (Italie))
Publication Non publié, 2014
Communication à un colloque
Résumé : ProblématiqueLes collègues témoins joueraient un rôle important dans le maintien ou non du harcèlement moral au travail (Bilheran, 2009) alors que différents auteurs ont noté une attitude d’aveuglement, de silence ou d’inaction de leur part (Desrumaux, 2011 ; Grebot, 2007 ; Hellemans & Devos, 2011). Cette contribution se centre sur les antécédents du développement des comportements prosociaux vis-à-vis des victimes de harcèlement moral au travail par les collègues témoins.Le modèle de l’explication causale naïve de l’accident (Kouabenan, 1999, 2006, 2009) est le cadre de référence de l’étude. Si l’accident est un phénomène soudain et de courte durée, ce que n’est pas le harcèlement moral au travail, nous pensons que ce modèle peut être appliqué à l’explication du harcèlement moral au travail et apporter des éléments de compréhension au développement des comportements prosociaux mis en place face au harcèlement moral au travail. Nos hypothèses portent sur les facteurs explicatifs du développement des comportements prosociaux de la part des témoins de harcèlement moral au travail : (1) les comportements prosociaux sont fonction de la perception de la situation de harcèlement, (2) les causalités attribuées à la situation sont des variables médiatrices de la relation entre la perception de la situation et les comportements prosociaux, (3) les comportements prosociaux sont fonction des croyances et (4) les causalités attribuées à la situation sont des variables médiatrices de la relation entre les croyances et les comportements prosociaux.MéthodeL’étude a été réalisée par questionnaire auto-rapporté auprès de 194 travailleurs. Cinq volets composaient le questionnaire : un volet était consacré aux croyances en un monde juste pour les autres (BJW-O, Bègue & Muller 2006), un autre aux croyances d’efficacité personelle (Chen, Gully, & Eden, 2001). Les trois volets suivants étaient consacrés, sur base d’un récit de situation de harcèlement moral au travail, à la perception de la dite situation, aux explications causales par les répondants (suite à l’ACP : causes externes extra-organisationnelles, causes externes liées à l’encadrement, causes externes liée aux conditions de travail, causes internes à la victime) et aux comportements prosociaux qu’ils pensent qu’ils auraient développés face à la situation (suite à l’ACP: évitement, soutien émotionnel, aide concrète, relais aux professionnels des RH ou du bien-être au travail).RésultatsLes résultats, réalisés à l’aide de régressions linéaires, ont montré notamment que la perception de la situation permet de rendre compte de certains comportements prosociaux tels que le « relais » et « l’aide concrète », et que cette relation est médiatisée par le fait de considérer que la situation est due à des causalités externes à la victime. Par ailleurs, une forte croyance en son efficacité personnelle de la part des collègues diminuerait leurs explications causales externes à la victime et une forte croyance en un monde juste donnerait lieu à davantage d’explications causales qui incriminent la victime.Discussion Malgré sans doute des limites en termes de validité écologique, l’intérêt de l’étude est d’étendre la compréhension du phénomène de harcèlement à l’entourage socioprofessionnel et ses comportements prosociaux. Les résultats appuient toute l’importance à accorder aux sensibilisations pour la prise de conscience et la reconnaissance du phénomène en milieu de travail.