par Maskens, Maïté
Référence L'Espace Politique, 13
Publication Publié, 2011
Article révisé par les pairs
Résumé : Cette contribution porte sur le cadrage particulier des conduites sexuelles des migrants africains ou latino-américains opéré par l’affiliation pentecôtiste à Bruxelles. Cette identification religieuse permet aux fidèles de se reconnaître comme les derniers détenteurs de la moralité dans une Europe perçue comme « décadente », le domaine des pratiques sexuelles étant alors l’objet des plus vives critiques. Dans ce contexte religieux, les fidèles pentecôtistes construisent leur différence d’abord dans le registre de la sexualité. Tâchant de réaliser l’injonction à la transformation et poursuivant un idéal de distinction, ces acteurs religieux (et principalement les femmes) se doivent de ne pas ressembler aux locaux dont les pasteurs dénoncent la « permissivité ». Dans leur discours, ce « laxisme » en matière sexuelle prend des formes variables : prostitution partiellement légale, manque de « pudeur » dans l’espace public, légalité du mariage entre personnes de même sexe, pornographie accessible aux jeunes ou encore campagne de prévention des MST dans les écoles. Après avoir analysé les ressorts argumentaires de la voix pastorale et du registre du religieux officiel en matière de sexualité, cet article entend analyser la créativité et l’inventivité dont font montre les fidèles pour habiter les normes religieuses, et plus particulièrement la manière dont ils se réapproprient l’injonction à la chasteté préconjugale. Dans ce contexte, nous verrons comment les jeunes filles de l’assemblée constituent le « capital de pureté » de nombreuses Églises et sont donc la cible privilégiée des prédications dominicales selon une logique qui associe féminité et « tentation » coupable.