par Noël, Xavier
Référence 7ière Congrès National de la Société Française de Tabacologie (Clermont-Ferrant)
Publication Non publié, 2013-10-24
Communication à un colloque
Résumé : A l’instar d’autres formes de mésusage de substances psychoactives, la dépendance tabagique s’accompagne de modifications cognitives de différentes natures. Ces perturbations entravent la liberté décisionnelle, et cela en exacerbant la valeur des choix et actions dont les conséquences s’expriment à court terme, au détriment, parfois, de l’adaptation au long cours. Certains processus touchés sont inaccessibles à la conscience et finissent par générer des sensations de manque, des images caractéristiques du désir de fumer ainsi que des routines d’action (p. ex., ouvrir le paquet, prendre une cigarette, la porter à la bouche avant de l’allumer, toujours de la même manière). D’autres processus impliqués dans l’autorégulation sont touchés, en particulier lorsque le manque d’une cigarette se fait sentir. De ce cas précis, des ressources conscientes d’autocontrôle sont détournées par des informations rivées à l’apprentissage tabagique (par exemple, l’odeur caractéristique du tabac). Cette hypothèse se trouve renforcée par des données comportementales et d’imagerie cérébrale et a permis la formulation synthétique d’un modèle neurocognitif des addictions (Noël, Brevers & Bechara, 2013, Current Opinion in Neurobiology). Selon ce modèle, un état addictif reflète un fonctionnement systémique anormal du complexe amygdalo-striatal, du cortex préfrontal et de l’insula. Aux niveaux psychologique et comportemental, on observe un déséquilibre entre des biais cognitifs poussant l’individu à consommer et des systèmes de supervision affaiblis soit en raison d’un état de vulnérabilité (p. ex., impulsivité élevée chez l’enfant et d’adolescent), soit en raison d’une forte envie de consommer ou encore parce que les effets neurotoxiques d’une consommation excessives d’autres substances psychoactives (p. ex., de l’alcool) ont affaibli les fonctions de supervision. Aussi, des interventions cognitives visant à rétablir un équilibre entre systèmes réflexifs et réflectifs permettraient-elle de diminuer l’envie de consommer, d’augmenter le bénéfice d’une prise en charge psychothérapeutique et/ou pharmacothérapeutique ou encore de réduire, en association à d’autres types interventions, le risque de rechute.