par Feyereisen, Justine
Référence Colloque international consacré à l'oeuvre littéraire de Philippe Delerm (21-22 septembre 2012: Université de Savoie, Chambéry, France)
Publication Non publié, 2012-09-21
Communication à un colloque
Résumé : L’œuvre littéraire de Philippe Delerm est reconnue pour ses descriptions des plaisirs les plus infimes de la vie quotidienne. Néanmoins, peu de chercheurs se sont intéressés au dialogue que l’écrivain a noué avec les photographies de son épouse, Martine, autour de leurs déambulations sur les sentiers normands (Les Chemins nous inventent), de leur fascination pour l’idée de Paris – ville de l’enfance pour l’un, cristallisation de tous les ailleurs pour l’autre – (Paris l’instant), et de la mélancolie légère qu’ils ont éprouvée devant ces messages qui viennent d’un autre temps (Traces). Plus qu’une simple collaboration, ces ouvrages représentent une véritable co-création, une naissance commune survenue sans même que ses auteurs n’en aient été consciemment responsables. Et P. Delerm de préciser, dans la préface qu’il ajoute à l’édition de poche de Traces, que, la « plupart du temps, la photo précédait les mots, car Martine savait mieux que [lui] ce qui [lui] donnerait envie d’écrire. » (T2 9) Relevant d’une pratique singulière, cette mise en regard d’une composante photographique et de son répondant textuel soulève d’emblée la question de l’union de deux systèmes sémiologiques dont les modalités énonciatives et le rapport à la référentialité diffèrent, et, par conséquent, celle des perspectives qu’une telle association peut ouvrir au lecteur. Afin de proposer un angle d’approche original, nous mobiliserons des procédures d’analyse plurielles qui convergeront vers le point de mire qu’est l’appréhension des relations entre image et texte. Tout d’abord, nous examinerons la place et le rôle que les photographies de M. Delerm occupent au sein du texte. Nous nous intéresserons ensuite au type d’ancrage énonciatif dont relève les récits, avant de prêter une attention particulière à l’utilisation de la description, une démarche qui nous permettra de relever l’impact du texte sur l’expression photographique, et l’esthétisation du propos descriptif. À la lumière de cette étude apparaîtra un autre type de collaboration avec l’art photographique, qui s’illustre dans Les Amoureux de l’Hôtel de Ville, roman où le contexte narratif naît, cette fois, du cliché in absentia créé par R. Doisneau en 1950. Au terme de ce parcours, nous espérons mettre au jour l’hypothèse que, dans la production delermienne, le dispositif photographique, embrayant le récit, induit une écriture où se li(s)ent mimesis et poiesis au point de contribuer à un nouveau rapport au je de l’énonciation, à la mémoire et à la trace.