Article révisé par les pairs
Résumé : En s’infiltrant dans les constructions historique, sociologique et pratique du tango argentin, une mosaïque de registres analytiques multiplie le spectre conceptuel de l’objet. La femme-objet, le tango comme objet anthropologique, la chaussure comme fétiche phallocratique ou dansant (ni humain, ni divin), le corps désubjectivé et ré-objectivé sont autant d’objets sacrifiés dans cette étude mais dont les puissances continuent à agir et à bricoler des frontières incertaines. L’article a pris le parti non pas de faire parler les objets mais de témoigner de ce que ce sont les objets qui « font faire », jusqu’à leur propre fabrication. Plutôt que de penser la danse en philosophie, cette étude met la pensée philosophique et ses dichotomies à l’épreuve de ce dont l’existence s’atteste par son pouvoir sur des corps qui, surtout, doivent ne pas penser, ne pas regarder, ne pas prévoir – des corps à la fois « objets » et intensément vivants.